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"N'oublie pas de rechercher aussi le bonheur que procure une compréhension nouvelle, apportant un lien supplémentaire entre le monde et toi. Ce devrait être l'oeuvre à laquelle tu apportes le plus grand soin, et dont tu puisses être le plus fier."

 

Albert Jacquard, A toi qui n'est pas encore né.

"On se fait généralement du progrès une idée fort élémentaire"

 

Régine Pernoud (1909-1998), historienne

"Moins d'histoire et de chronologie, ça ne va pas faire des jeunes gens modernes, ça va faire des jeunes gens amnésiques, consensuels et obéissants

Régis Debray

 

 

"Les véritables hommes de progrès ont pour point de départ un respect profond du passé"

Ernest Renan

 

 

10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 17:15

"Celui qui tient le passé tient l'avenir, celui qui tient le présent tient le passé"

George Orwell

 

 

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29 novembre 2017 3 29 /11 /novembre /2017 14:16

 

L'autoritarisme des régimes socialistes actuels a encouragé au sein de la Gauche non seulement une compréhension nouvelle de la démocratie politique, mais également la croyance grandissante qu'une "révolution culturelle" pourrait être l'élément décisif si l'on veut tenter de mettre en place une société réellement démocratique. (...) Ce concept insaisissable suppose en général que les vieilles habitudes de soumission à l'autorité tendent à réapparaître d'elles-mêmes au sein même des mouvements dont les objectifs sont démocratiques, et qu'à moins que ces habitudes soient extirpées à la racine, les mouvements révolutionnaires continueront à recréer  les conditions qu'ils cherchent précisément à abolir. 

 

tele pop droit

(...) Mais quoi qu'il en soit, toutes ces positions - quant à la révolution culturelle à mener - se basent sur un socle commun de postulats relatifs aux effets  dissolvants de la modernité sur les modes de pensée "traditionnels". La démocratisation de la culture, si l'on en croît cette opinion dominante, exigerait au préalable un programme éducatif ou un processus capable d'arracher les individus à leur contexte familier, et d'affaiblir les liens de parenté, les traditions locales et régionales, et toutes les formes d'enracinement dans un lieu. (...)

Ce modèle implicite d'éducation éclairée exige d'être révisé. Il est à bien des égards profondément fallacieux. Il sous-estime la solidité et la valeur des attachements traditionnels. Il donne à tort l'impression d'une stagnation intellectuelle et technologique des sociétés "traditionnelles", et il encourage par là une surestimation des réalisations de l'esprit moderne émancipé. Non seulement il exagère les effets libérateurs du déracinement, mais il défend une conception très pauvre de la liberté. Il confond, en effet, la liberté avec l'absence de contraintes. (...)

Depuis le XVIII siècle, l'offensive contre les particularismes culturels et l'autorité patriarcale, qui encourageait - tout du moins au début -  la confiance en soi et la pensée critique, s'est trouvée accompagnée de la création d'un marché universel de marchandises, dont les effets furent exactement inverses. Ces deux processus appartiennent indissolublement à la même séquence historique. Le développement d'un marché de masse qui détruit l'intimité, décourage l'esprit critique et rend les individus dépendants de la consommation, qui est supposée satisfaire leurs besoins, anéantit les possibilités d'émancipation que la suppression des anciennes contraintes pesant sur l'imagination et l'intelligence avait laissé entrevoir. En conséquence, la liberté prise par rapport à ces contraintes en vient souvent, dans la pratique, à signifier la seule liberté de choisir entre des marchandises plus ou moins similaires. L'homme ou la femme moderne, éclairé, émancipé, se révèle ainsi, lorsqu'on y regarde de plus près, n'être qu'un consommateur beaucoup moins souverain qu'on ne le croît. Loin d'assister à la démocratisation de la culture, il semble que nous soyons plutôt les témoins de son assimilation totale aux exigences du marché.

Or la confusion entre la démocratie et la libre circulation des biens de consommation est devenue si profonde que les critiques formulées contre cette industrialisation de la culture sont désormais automatiquement rejetées comme critiques de la démocratie elle-même; tandis que , d'un autre côté, la culture  de masse en vient à être défendue au nom de l'idée qu'elle permet à chacun d'accéder à un éventail de choix jadis réservés aux riches. (...)

Le trait le plus remarquable de ce débat sur la culture de masse est le fait que beaucoup de partisans de la gauche, par souci de se disculper du moindre soupçon d'élitisme, ont fini - pour défendre la culture de masse - par recourir à une variante de cette idéologie de la libre entreprise, qu'ils rejetteraient sur le champ si d'autres l'utilisaient comme un argument  destiné à soustraire le monde insdustriel aux interventions gouvernementales. (...) La "noble vision" évoquée par Whitman1 d'une culture démocratique élaborée par des intellectuels "à la fois si talentueux et si populaires qu'ils pourraient en influencer les élections" en était venue à apparaître absurde. 

Les avocats d'une culture de haut niveau se retrouvaient ainsi sur les mêmes positions que leurs adversaires. Aucune des deux parties ne croyait plus à la possibilité d'une véritable démocratisation de la culture. (...) Les écoles  ont abandonné tout effort réel de transmettre "ce que l'on sait  et ce que l'on pense de mieux dans le monde". Elles travaillent sur la base du postulat qui veut qu'une culture de haut niveau soit intrinsèquement élitiste, que personne ne devrait être obligé d'apprendre quoi que ce soit de difficile.

Christopher Lasch, Culture de masse ou culture populaire ? (1981)

 

1- Poète et humaniste américain (1819-1892)

 

Questions

1.Résumez les critiques principales formulées par C. Lasch quant à la culture de masse

2.Expliquez la phrase soulignée dans l'extrait.

3.La vision défendue par Whitman correspond-elle à la culture de masse ? Justifiez votre réponse

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5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 10:08

Introduction

Au début du XXè siècle, l'expression politique et syndicale du socialisme allemand est une référence pour de nombreux pays européens, tant ces mouvements y sont puissants et influents. Puisant leur idées dans les œuvres de Marx et Engels, notamment le "Manifeste du parti communiste" (1848), les socialistes allemands veulent rompre avec la logique capitaliste et la domination bourgeoise pour que s'épanouisse une société plus fraternelle et plus juste. D'inspiration révolutionnaire le socialisme entend refonder le modèle économique en refusant le marché et la confiscation des richesses par une minorité; pour cela, le prolétariat doit parvenir à prendre le pouvoir.

Toutefois les crises douloureuses subies par le pays ainsi que l'évolution du contexte géopolitique tout au long du XXè siècle doivent interroger l'unité du socialisme allemand en lien avec le mouvement ouvrier : quelles en furent les crises et les mutations profondes ?

Nous verrons dans un premier temps que la Grande Guerre a joué un rôle majeur dans le divorce entre socialistes et communistes, puis que l'entre deux-guerres a vu successivement la montée en puissance de la social-démocratie puis du national-socialisme, enfin qu'après 1945, la guerre froide puis la mondialisation ont conditionné des transformations profondes du mouvement ouvrier.

 

1- La grande guerre (1914-1918) : de l'union sacrée à la révolution spartakiste

A- Une union sacrée fragile

- L'union sacrée  = le patriotisme avant la lutte des classes

- Des courants socialistes qui s'éloignent au sein même du SDP (révisionnisme Bernstein) depuis les dernières années du XIXè siècle: Berstein ("les réformes pour une révolution") / Luxembourg ("la révolution pour faire les réformes").

B- La fin de l'Empire et le mouvement spartakiste 1918-1919)

- Les socialistes en première ligne pour conduire à l'abdication de Guillaume II (grèves, mouvements sociaux, conseils d'ouvriers), mais la création du KPD (parti communiste allemand) marque une rupture.

- Naissance de la République de Weimar / accords Stinnes-Liegen = compromis entre grand patronat et monde ouvrier défendu par le SPD (progrès social indéniable avec la journée de travail de 8h par exemple). La vision réformiste de Bernstein triomphe.

- R. Luxembourg et K. Liebknecht créent le mouvement spartakiste et tentent une révolution sur le modèle russe de 1917 : « la semaine sanglante » (janvier 1919) voit la répression du mouvement par le gouvernement modéré (dont faisait partie le SPD) : la rupture est consommée. Jamais les communistes n'oublieront et ne pardonneront aux socialistes modérés.

 

2- l'entre deux guerre : épanouissement et déclin des sociaux-démocrates

A- Le SPD axe majeur de la vie politique allemande

(voir cours)

B- La crise économique remet en cause l'équilibre républicain

- Une crise sociale sans précédent : 6 millions de chômeurs et une économie en récession.

- Le SPD décline au profit du KPD et surtout des nationaux-socialistes (NSDAP) qui gagnent les élections législatives en novembre 1932 et ont pu compter sur les divisions entre leurs adversaires.

C- Le national-socialisme : un recul des mouvements socialiste et ouvrier

- Le III Reich des nazis remplace les lutte des classes défendu par les sociaux-démocrates et communiste par la lutte des races et défend l'unité du peuple allemand.

- Le parti communiste est le premier parti interdit (prétexte de l'incendie du Reichstag), puis ce sont les autres formations politiques dont le SPD qui a refusé de voter les pleins pouvoirs à Hitler. Les opposants politiques socialistes furent les premières victimes des camps de concentration nazis.

- Si le chômage se résorbe par une politique de grands travaux et la remilitarisation du pays, les conditions salariales et de travail des ouvriers régressent. Le Front du travail entend remplacer tous les syndicats.

 

3- Les socialismes allemands et l'adaptation à la mondialisation

A- RFA et RDA deux visions du socialisme

- Le contexte de la guerre froide marque profondément l'Allemagne qui se voit scindée en 2 en 1949.

- La RDA avec un parti unique, le SED, s'oriente vers un socialisme autoritaire qui ressemble à celui appliqué en Union soviétique : la collectivisation est mise en place, l'économie dirigée par l'Etat. De fait le parti soumis aux injonctions de Moscou devient le chantre d'un totalitarisme qui encadre le mouvement ouvrier.

- En RFA le contexte géopolitique conduit à marginaliser le parti communiste ce qui permet au SPD de renouer avec le pouvoir dans les années 60 (W. Brandt / H. Schmidt) après avoir opéré une profonde transformation lors du congrès de Bad-Godesberg en 1959. En effet le parti social-démocrate renonce au communisme ainsi qu'à la lutte des classes et accepte l'économie de marché. Par ailleurs le système de cogestion (recherche de compromis entre le patronat et les mouvements ouvriers) s'est affirmé et consolidé dès les années 50, devenant un modèle européen de progrès social dans le cadre des Trente Glorieuses.

B- Réunification, mondialisation et mutation de la social-démocratie

La chute du mur de Berlin en novembre 1989 conduit à la réunification de l'Allemagne en 1990 dans un contexte de mondialisation croissante de l'économie.

Cela a des effets considérables : quasi-disparition des communistes, recul du taux de syndicalisation et surtout nouvelle transformation du SPD sous l'impulsion de Schröeder qui devient chancelier en 1998. En effet l'agenda 2010 marque une volonté des sociaux-démocrates d'entériner une acceptation du libéralisme dans le cadre d'une guerre économique de plus en plus globalisée. Ces réformes qui seront saluées par la droite libérale ont conduit à de nombreuses manifestations qui resteront sans effet. Les renoncements du SPD ont conduit à l'émergence du parti de gauche « Die Linke » , bien plus radical dans sa critique du capitalisme.

 

CONCLUSION

L'idéal socialiste théorisé par Marx et Engels a donc, en Allemagne, été « retraité » de bien des manières en fonction du contexte national et international. Au cours du XXè siècle, ce pays a été un véritable laboratoire d'expériences diverses liées aux idées socialistes par le biais de partis (SPD et parti communiste surtout) ou de syndicats. De réelles avancées sociales ont ainsi été rendues possibles, notamment avec le système de la cogestion, même si parfois le socialisme – comme en RDA - a pu se retourner contre les intérêts des travailleurs.

Toutefois l'effondrement du bloc communiste et l'accélération de la mise en concurrence des travailleurs du monde entier ont fragilisé les acquis sociaux et remis en question les bases idéologiques des mouvements socialistes allemands.

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17 octobre 2017 2 17 /10 /octobre /2017 18:23

Introduction

Né dans les années 1980, le téléphone mobile a connu une diffusion très rapide. Aujourd’hui, pour une population mondiale de 7 milliards de personnes, on compte plus de 5,3 milliards d’abonnés au téléphone mobile. Ce produit d’abord réservé aux populations du nord, a séduit ensuite massivement les populations du Sud.

C’est pouquoi, on peut se demander en quoi, le téléphone mobile est représentatif du fonctionnement de la mondialisation.

En effet, le téléphone est régi par les règles de la concurrence internationale. Les FTN qui le fabriquent exploitent les potentialités de tous les territoires. Il permet aussi de saisir les tensions entre les trois piliers du développement durable.

1- Un produit qui s’inscrit dans la mondialisation

1.1 L’histoire du téléphone mobile

Le téléphone mobile n’est pas une invention en soi. C’est un objet né de l’association de plusieurs technologies. Son invention est attribuée à Martin Cooper, directeur de la recherche-développement chez Motorola. Il passe en 1973 le premier appel sur un téléphone mobile. L’usage commercial commence au Japon en 1979 avec la première génération de téléphones (la « 1G »). En 1981, les pays nordiques adoptent la 1G. En 1983, le premier réseau est lancé à Chicago. En 1991, l’entreprise Nokia lance la « 2G » en Finlande. La petite entreprise de bois, née au XIXe siècle sur la rivière Nokiavirta, devient alors un géant technologique. Les appareils se miniaturisent, ils gagnent en autonomie. Les « smartphones » apparaissent. En 2001, la « 3G » est lancée au Japon. Actuellement la « 4G » est testée en Europe et au Japon.

1.2 Une diffusion rapide

La téléphonie mobile a connu la plus forte diffusion qu’un produit ait pu connaître dans l’histoire de l’humanité. Entre 1988 et 2003, un quart de l’humanité s’équipe d’un téléphone mobile. Puis le mouvement s’accélère. En 7 ans (2004-2011), 50 % des humains (3,8 milliards de personnes) se dotent d’un téléphone mobile. En 2007-08, le nombre de lignes de téléphones fixes augmente de 6 millions (+0,5 %). En revanche, durant ces deux ans, le nombre d’abonnés au téléphone mobile s’accroît de 635 M de personnes (+18 %). En 2010, 300 M d’abonnements ont été vendus dans la seule Chine. 1.3 La variété des usages Le téléphone mobile est un produit universel. Aucun territoire ne lui échappe. Au nord, il est même devenu un produit polyvalent. Des Etats ont développé le « e-gouvernement » pour réduire les dépenses publiques et améliorer la rapidité des services publics (payer une contravention, déposer une plainte. . .). La téléphonie mobile supplante la téléphonie fixe et les réseaux internet classiques. Les infrastructures (les antennes) sont plus légères et moins coûteuses que les installations classiques ; elles sont aussi plus faciles à réparer en cas de catastrophe naturelle. Aujourd’hui, les taux de croissance sont spectaculaires dans les pays du Sud. En Afrique, le mobile est un facteur de développement. Depuis 2002, la croissance annuelle du nombre d’abonnés y est supérieure à 50 %. Pourtant, le continent souffre de nombreux handicaps. Il est difficile de recharger son téléphone quand l’électricité n’est pas partout disponible. Il n’est pas aisé d’envoyer des SMS quand on est analphabète et d’acheter des minutes avec des salaires de l’ordre de 1 à 2 euros par jour. Les nomades utilisent le téléphone pour négocier avec les sédentaires le passage de leurs troupeaux. Les agriculteurs et les communautés rurales ainsi désenclavées peuvent s’informer sur les cours mondiaux des produits agricoles. Les pêcheurs sénégalais utilisent le téléphone comme un GPS de fortune pour s’orienter.

2- Les acteurs du marché du téléphone mobile

2.1 Un marché dominé par le Nord et les pays émergents

L’Union Internationale des Télécommunications (UIT) qui régule le marché est installée à Genève (Suisse). Les principales FTN qui fabriquent les téléphones sont situées dans un petit nombre de pays : aux Etats-Unis (Apple, Motorola, RIM), en Europe (Vodafone, Sony-Ericsson, Nokia), en Asie (les coréens Samsung et LG). Les FTN recherchent des relais de croissance dans les pays émergents. Or dans ces pays, de nouveaux (et redoutables) concurrents apparaissent : en Chine (China Mobile, Huawei, ZTE. . .), au Mexique (America Movil). Ces nouveaux venus disposent d’un important marché local souvent très protégé et ils exportent aussi bien vers le Sud que vers la Triade. Ils consacrent d’importantes sommes d’argent à la R&D. Le marché de la téléphonie évolue à une très grande vitesse. Une entreprise en pointe peut perdre rapidement sa suprématie si elle n’investit pas assez ou si elle rate un virage technologique. C’est le cas de Nokia concurrencée sur le haut de gamme par Apple et Samsung et par les chinois pour les terminaux à bas coût.

2.2 Les stratégies des FTN

Les FTN utilisent la mondialisation pour maximiser leurs profits. L’entreprise Apple fondée par Steve Jobs constitue l’exemple le plus parlant de la mondialisation de cette activité. En 2007, la marque à la pomme lance le premier « IPhone ». Les différentes phases de la fabrication sont assurées par des acteurs différents situés sur des continents différents. L’entreprise Apple n’assure que certaines tâches : la conception, le marketing, la communication externe. La fabrication des composants est assurée par des soustraitants installés aux EU, en Allemagne, au Japon et en Corée du Sud. LG fournit les écrans tactiles « rétina », Sony les appareils photos et Samsung les batteries. Toutes ces pièces sont acheminées vers la Chine où le Taïwanais Foxconn assure le montage des objets dans d’immenses usines. Apple a développé une stratégie très particulière. Il a créé des boutiques (les « Applestores ») et chaque lancement de produit devient un show pour créer une frénésie dans le public. En Octobre 2011, 4 millions d’« Iphones 4S » ont été ainsi vendus en 3 jours.

2.3 L’action des Etats

De nombreux Etats soutiennent le développement des réseaux mobiles car le mobile est moins cher à installer que la téléphonie fixe. Le téléphone permet à des villages enclavés de faire venir des services de secours ou d’enclencher une dynamique de développement. La Mauritanie s’est lancée avec des partenaires privés dans la réalisation d’un réseau GSM. L’Etat a dépensé 25 M de $ pour se connecter au câble sous-marin. Il envisage de développer la fibre optique sur tout le territoire.

3- Téléphonie mobile et développement durable

3.1 La « fracture numérique »

Tous les pays ne sont pas égaux dans l’accès à la téléphonie mobile. Les pays riches ont des territoires totalement couverts par les différents opérateurs. Dans les pays émergents, les Etats investissent massivement pour connecter tous les territoires. Cependant, au niveau mondial, il existe une fracture numérique. Les pays pauvres n’ont pas toujours les moyens de financer les énormes investissements nécessaires. Leurs populations connaissent donc une « exclusion » numé- rique. Enfin, le prix d’un abonnement reste prohibitif si on le rapporte au salaire local. (D’ailleurs certains opérateurs installés à Paris proposent à leurs clients de payer en France les forfaits de la famille restée au pays natal). Les pays du Sud par la voix d’Abdoulaye Wade ont demandé l’instauration d’une taxe sur les populations des pays riches pour résorber la fracture numérique. En 2005, l’ONU a organisé à Tunis un Sommet Mondial de la Société de l’Information (SMSI). En 2006, Doha (Qatar) a accueilli la Conférence Mondiale des Télécommunications.

3.2 Les atteintes au droit du travail

Les sorties des appareils Apple donnent lieu à des scènes de liesse dans les magasins. Les milliers de journalistes accrédités multiplient les articles flatteurs et élogieux. En revanche, rares sont les enquêtes sur les conditions de travail des ouvriers des usines de téléphones mobiles. En 2010, des ouvriers chinois de Foxconn, pour dénoncer leurs conditions de travail (pressions, injures répétées...), sont montés sur le toit de leur usine et se sont jetés dans le vide. De nombreux fans des produits d’Apple, ont alors appris que le salaire des ouvriers passait dans le paiement du badge, du logement, de la nourriture et qu’ils devaient accepter de faire de très nombreuses heures supplémentaires pour pouvoir aider leurs familles restées au village. Les abonnés au téléphone mobile ne doivent pas non plus oublier que le cours des métaux rares a flambé et que des régions entières (Congo-Zaïre) connaissent des violences de la part de bandes criminelles qui veulent capter cette manne.

3.3 Un faible recyclage

Les téléphones ont une durée de vie de plus en plus limitée. Leur sophistication croissante les rend toujours plus fragiles. D’autre part, en raison des progrès techniques constants, ils sont rapidement obsolètes. Les téléphones inutilisés s’entassent dans les tiroirs. Un recyclage systématique aurait l’avantage de permettre une exploitation raisonnable des ressources naturelles et de limiter les gaspillages.

Conclusion

Le téléphone portable est actuellement le produit technologique le plus échangé au monde. Il a contribué à réduire la pauvreté et la détresse humaines. Avec l’augmentation de sa puissance, il est appelé à devenir un véritable ordinateur. Il a contribué à créer le « village global » dans lequel nous vivons. Ce succès économique et technologique a aussi son revers : il montre aussi que la mondialisation aggrave les inégalités, ponctionne les ressources naturelles et dégrade parfois l’environnement.

JACQUES EL ALAMI

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27 septembre 2017 3 27 /09 /septembre /2017 19:29
Faire table rase du passé ?

 

La Table rase cartésienne est peut-être le plus fort mensonge philosophique de tous les temps. C'est en tout cas celui dont l'application pèse le plus de fortement sur le nôtre. L'idée de «faire table rase», de repartir à "zéro" constituent constituent toujours une tentation séduisante. Mais c'est précisement l'entreprise impossible: impossible sinon dans une  vue de l'esprit tout arbitraire, ne tenant aucun compte des réalités concrètes. Parce que tout ce qui est vie est transmis.

On ne part jamais de zéro. Freud le démontrerait au besoin. Ou encore, en termes simples, ce texte de la Genèse montre qui nous montre chaque fruit «portant sa semence» - ce qui niait d'avance toute génération spontanée. Il est saisissant de penser que chaque fois qu'elle a été transposée dans les faits, la tentation de "repartir de zéro" s'est soldée par la mort, par de multiples morts et destructions, et cela dans tous les domaines.0

Pour avoir voulu faire "Table rase", combien de fois aura-t-on stupidement détruit ce qui aurait pu être un point d'appui, pierre d'attente? Mais il sera peut-être donné à notre époque de redécouvrir l'importance de la tradition, qui est un donné vivant, susceptible comme toute vie de croître, d'acquérir, de s'enrichir de nouveaux apports. On ne pourra le faire qu'en redécouvrant l'importance de l'Histoire, qui est la recherche du vécu, ce vécu à partir duquel menons notre propre vie. Il en est de l'histoire comme des strates archéologiques: il y a toujours la couche sous-jacente, et lorsqu'on arrive au sol vierge, l'archéologue cède la main au géologue qui nous retrace, lui, l'histoire de ce sol .

Régine Pernoud, Pour en finir Avec le moyen âge, 1979

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20 septembre 2017 3 20 /09 /septembre /2017 11:02

Le citoyen athénien participe activement à la défense de sa cité. Il est prêt à mourir pour défendre ses compatriotes, mais aussi sa culture (ses temples, ses Dieux) et sa liberté conquise par le système démocratique. On parle de citoyen-soldat, car le rôle politique est indissociable de la fonction combattante qui implique donc, éventuellement, le sacrifice suprême.

Le serment des éphèbes montre à quel point le sens de l’honneur, la fidélité, le courage, le respect des traditions et la solidarité sont au cœur de la fonction de citoyen-soldat. Ces valeurs inculquées par l’éducation (voir TP sur l'éducation) depuis l’enfance sont essentielles pour le fonctionnement politique de la cité. 
Ainsi, les citoyens doivent réaliser leur service militaire (éphébie) et s’équiper à leurs frais. Les plus riches forment la cavalerie, les plus pauvres sont rameurs (thètes) puis éventuellement, à partir de la fin du Vè s., peltastes (combattants à l’équipement léger), les citoyens aux revenus moyens constituent la phalange. Celle-ci rassemble des hoplites lourdement armés (lance, glaive, bouclier, armure) en formation serrée. Ce mode de combat, apparu au VIIe s., repose sur une forte discipline et une grande cohésion puisque chaque soldat est responsable, avec son bouclier, de la protection de son concitoyen de gauche. Il renforce le sentiment d’égalité et participe donc de l’esprit civique.

Ce modèle du citoyen-soldat tend toutefois à disparaître à la fin du IVe s. sous l’impulsion du roi Philippe de Macédoine qui bouleverse les codes guerriers lors de ses campagnes qui aboutiront à la conquête de la plupart des cités de Grèce continentale. L’apparition de mercenaires c’est-à-dire de soldats rémunérés pour combattre, change complètement la perspective :  la guerre devient surtout l’affaire de professionnels et non d’individus désintéressés qui défendaient gratuitement leur cité, en invoquant un sens de l'honneur.

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17 décembre 2016 6 17 /12 /décembre /2016 08:42

L’avocat Robert Kennedy junior, neveu de l’ancien président américain John F. Kennedy, a révélé dans un article pour le magazine Politico les véritables causes de la guerre en Syrie.

La racine du conflit armé en Syrie, provient en grande partie du refus du président syrien Bachar al-Assad du passage d’un pipeline de gaz du Qatar vers l’Europe.

« La décision américaine. d’organiser une campagne contre Bachar al-Assad n’a pas commencé avec les manifestations pacifiques du printemps arabe en 2011, mais en 2009, lorsque le Qatar a offert de construire un pipeline pour 10 000 millions de dollars qui traverserait l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie" 

Ce projet aurait veillé à ce que les pays arabes du Golfe aient un avantage décisif sur les marchés mondiaux de gaz et aurait renforcé le Qatar, un proche allié de Washington dans la région, a déclaré Kennedy junior.

Le président syrien Bachar al-Assad, a rejeté le projet au motif que cela nuirait aux intérêts de son allié russe, le plus grand fournisseur de gaz naturel vers l’Europe. Un an plus tard, Al-Assad a commencé à négocier avec l’Iran pour construire un autre gazoduc qui transporterait le gaz de l’Iran vers le Liban et le pays perse serait devenu un des plus grands fournisseurs de gaz vers l’Europe, a expliqué l’avocat.

640x392_28014_250597Immédiatement après le refus du projet initial, les agences de renseignement américaines, Le Qatar, l’Arabie Saoudite et le régime israélien ont commencé à financer la soi-disant opposition syrienne et à préparer une révolte pour renverser le gouvernement syrien, a dit M. Kennedy, qui a cité des données de divers rapports de renseignement auxquels il a eu accès.

 

Dans cet objectif, la CIA a transféré six millions de dollars à la télévision britannique Barada dans le but de préparer des reportages en faveur du renversement du président syrien, a-t-il ajouté.

La CIA a utilisé les membres du groupe extrémiste État islamique pour protéger les intérêts des Etats-Unis sur les hydrocarbures et instrumentaliser les forces radicales pour réduire l’influence de (l’ancienne) Union Soviétique dans la région a conclu le jeune avocat Robert Kennedy.

Pendant ce temps, les Etats-Unis poursuivent leur soutien financier, logistique et militaire aux groupes d’opposition armés, qui ont échoué à renverser le gouvernement syrien, malgré cinq années de guerre.

Les États-Unis essayent même d’obtenir la levée des sanctions qui empêchent l’envoi d’armes anti-aériennes au territoire syrien dans le but de renforcer le front de groupes armés qui luttent contre l’armée arabe syrienne.

16 février 2016, reseau international.net

Sources:

http://www.politico.eu/article/why-the-arabs-dont-want-us-in-syria-mideast-conflict-oil-intervention/

http://www.hispantv.com/newsdetail/siria/216231/siria-crisis-transferencia-gas-catar-eeuu-isis


 

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14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 15:18

Abbaye de Fronfroide (Département de l'Aude, France)

 

Les premières en date de ces règles occidentales, celle d'Augustin, remontent au IVè siècle et la plus connue attribuée à Benoît de Nursie. (…) Ces associations (les monastères) autonomes qui s'égrènent sur quinze siècles présentent les propriétés qu'on reconnaît non aux choses mais aux corps vivants: la stabilité (ils résistent à ce qui pourrait les démolir aisément), la solidité, preuve de solidarité entre ses constituants, la cohérence, pour ne pas dire la cohésion, et la figurabilité (un faciès propre à chacun).

Levons de suite un quiproquo. Le moine (du grec monos, seul) n'est pas celui qui vit seul, à part, en anachorète, mais celui qui cherche à se sanctifier en s'unifiant lui-même. Le péché est éparpillement. Les frères sont disponibles mais suroccupés, avec un horaire qui ne paraît pas laisser de temps mort (cuisine, vaisselle, lessive, intendance, travail de la terre, offices etc.). (…)

Chacun des trois vœux solennels du profès1 est un cri d'insoumission, un gant jeté à notre nouvel ordre moral: la chasteté, un défi à l'obligation de « jouissez sans entraves »; la pauvreté, à l'arrogance économique; l'obéissance, aux fastidieux devoirs de scandale. (...)La recherche en intimité de l'Un salvateur – l'union à Dieu et l'unité en soi – n'implique pas l'isolement physique. Comme s'il fallait se mettre à plusieurs pour atteindre au recueillement, rassembler son cœur et ses forces. (…) « La première espèce de moines, dit la règle de St Benoît, est celle des cénobites, c'est-à-dire de ceux qui vivent en commun dans un monastère et combattent sous une règle et un abbé. »

(…) Tout espace clos commande la vertu parce que la survie d'un microcosme2 étanchéisé dépend de sa discipline (...)

L'assemblée médiévale des frères applique depuis le VIè siècle le principe de l'élection pour désigner le supérieur (qui n'apparaît dans les communes qu'en 1143). Élection consensuelle, visant à l'unanimité, après longue discussion. Les cisterciens ont inauguré le vote à bulletin secret, et les dominicains, le vote à la majorité simple.(...)

Très longue est la liste de ce que nous devons aux frères des villes et des clairières: nos meilleurs collèges (Oxford et Cambridge), nos écoles militaires, nos maisons de retraite, notre hôtellerie, nos ladreries3, orphelinats, bibliothèques, asiles de fous, nos hospices et nos hôpitaux. Ajoutons-y pèle-mêle, la gastronomie, le réseau routier (ponts, quais, viaducs compris), l'agriculture et l'agronomie, les eaux et forêts, la papeterie (proche des moulins à eau), la bière (inventée au IXè siècle, les premières brasseries ayant été des couvents, et la bière trappiste gardant la palme), le whisky, né dans les monastères d'Écosse (sans doute du besoin d'alcooliser l'eau par mesure d'hygiène), en plus du houblon et de l'orge, la vigne et le vin (nécessaire à l'eucharistie), le marquage du temps (l'horloge mécanique, progrès technique décisif, inventée pour calculer et synchroniser les offices). Un bouffeur de curés emprunte sa langue aux moines chaque fois qu'il parle de déjeûner (rompre le jeûne), de sa profession (déclaration de foi), sa pitance (la portion du moine), qu'il rejette toute capitulation (le compromis passé entre l'abbé et ses subordonnés, les moins capitulaires)qu'il veut avoir voix au chapitre ou pouvoir décompter les voix, s'agissant de bulletins récoltés par tel candidat (car le moine devait déclarer son opinion à haute et intelligible voix), à l'issu d'un scrutin (scrupuleux dénombrement de voix). N'oublions pas en chemin la lecture silencieuse qui a rompu avec un millénaire de lecture acoustique, à haute voix.

Régis debray, Le feu sacré, Chapitre Fraternité « l'exploit monastique », Folio-essais, 2003,

 

1- Personne qui fait ses voeux religieux

2- Image réduite du monde, société en miniature

3- Lieux pour soigner les lépreux

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14 décembre 2016 3 14 /12 /décembre /2016 08:40

On a vu des puissances hégémoniques depuis l'origine de l'humanité. Mais la suprématie des Etats-Unis aujourd'hui 'hui se distingue entre toutes par la rapidité avec laquelle elle est apparue, par son envergure planétaire et les modalités qu'elle revêt. Il aura fallu moins d' un siècle aux Etats-Unis, dont le rayonnement était jusqu'alors cantonné à l'hémisphère occidental,pour se transformer- sous l'influence de la dynamique des relations internationales - en une puissance dont le poids et la capacité d' intervention sont sans précédent.

(...)

La domination culturelle des États-Unis a jusqu'à présent été un aspect sous-estimé de sa puissance globale. Quoi que l'on pense de ses qualités esthétiques, la culture de masse américaine exerce, sur la jeunesse en particulier, une séduction irrésistible. Malgré l'hédonisme superficiel et les styles de vie stéréotypés qu'elle vante, son attrait n'en demeure pas moins irréfutable. Les programmes américains alimentent les trois quarts du marché mondial de la télévision et du cinéma. Cette domination est tout aussi marquée dans le domaine des musiques populaires, et, de plus en plus, des phénomènes de mode – vestimentaires, alimentaires ou autres - nés aux États-Unis se diffusent par imitation dans le monde entier. Sur Internet, l'anglais sert de lengua franca et une majorité écrasante des services en ligne, sur les réseaux informatiques, sont localisés aux États Unis, ce qui a une influence décisive sur le contenu des communications.

Les États-Unis attirent, dans une proportion de plus en plus grande, les individus qui souhaitent approfondir leur formation ou se spécialiser. On estime à un demi-million les entrées annuelles sur le territoire de nouveaux étudiants étrangers. Parmi les meilleurs d'entre eux, bon nombre ne retourneront jamais dans leur pays d'origine. On trouve des diplômés des universités américaines dans les cabinets gouvernementaux sur tous les continents.

 

Auteur: Zbigniew Brzezinski Date de parution: 1997

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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 13:42

"En fait, sans aucune exagération, le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est certainement le "cancer" qui ronge irrémédiablement les économies de marchés de propriété privée." Maurice Allais

La grande dépression de 1929-1934 et le mécanisme du crédit

L'origine et le développement de la Grande Dépression de 1929-1934 représentent certainement la meilleure illustration que l'on puisse donner des effets nocifs du mécanisme du crédit :

Ø la création de monnaie ex nihilo par le système bancaire ;

Ø la couverture fractionnaire des dépôts ;

Ø le financement d'investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;

Ø le financement de la spéculation par le crédit

Ø et les variations de la valeur réelle de la monnaie et de l'activité économique qui en résultent.

L'ampleur de la crise de 1929 a été la conséquence inévitable de l'expansion déraisonnable des crédits boursiers qui l'a précédée aux États-Unis et de la montée extravagante des cours de Bourse qu'elle a permise, sinon suscitée. 

Au regard de la prospérité de l'économie et de la montée des cours jusqu'en 1929, le diagnostic de l'opinion dominante était aussi général qu'affirmatif. Il s'agissait d'une « New Era », d'une nouvelle ère de prospérité générale, qui s'ouvrait au monde entier.

Cependant, l'analyse qui précède montre avec quelle prudence on doit considérer la prospérité d'une économie en termes réels, dès lors que se développent des déséquilibres potentiels, à première vue mineurs en valeur relative, mais susceptibles d'entraîner, lorsqu'ils se concrétisent et se cumulent, de profondes modifications de la psychologie collective.

 

La crise mondiale d’aujourd’hui et la Grande Dépression: de profondes similitudes

 

D De profondes similitudes apparaissent entre la crise mondiale d'aujourd'hui et la Grande Dépression de 1929-1934: la création et la destruction de moyens de paiement par le système du crédit, le financement d'investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme, le développement d'un endettement gigantesque, une spéculation massive sur les actions et les monnaies, un système financier et monétaire fondamentalement instable.

Cependant, des différences majeures existent entre les deux crises. Elles correspondent à des facteurs fondamentalement aggravants.

·       1- En 1929 , le monde était partagé entre deux zones distinctes : d'une part, l'Occident, essentiellement les États-Unis et l'Europe et, d'autre part, le monde communiste, la Russie soviétique et la Chine. Une grande part du tiers-monde d'aujourd'hui était sous la domination des empires coloniaux, essentiel­lement ceux de la Grande-Bretagne et de la France. 

Aujourd'hui, depuis les années 70, une mondialisation géographiquement de plus en plus étendue des économies s'est développée, incluant les pays issus des anciens empires coloniaux, la Russie et les pays de l'Europe de l'Est depuis la chute du Mur de Berlin en 1989. La nouvelle division du monde se fonde sur les inégalités de développement économique.

Il y a ainsi entre la situation de 1929 et la situation actuelle une différence considérable d’échelle, c’est le monde entier qui actuellement est concerné. 

·       2- Depuis les années 70, une seconde différence, majeure également et sans doute plus aggravante encore, apparaît relativement à la situation du monde de 1929. 

Une mondialisation précipitée et excessive a entraîné par elle-même des difficultés majeures. Une instabilité sociale potentielle est apparue partout, une accentuation des inégalités particulièrement marquée aux États-Unis, et un chômage massif en Europe occidentale

La Russie et les pays de l'Europe de l'Est ont rencontré également des difficultés majeures en raison d'une libéralisation trop hâtive. 

Alors qu'en 1929 le chômage n'est apparu en Europe qu'à la suite de la crise financière et monétaire, un chômage massif se constate déjà aujourd'hui au sein de l'Union européenne, pour des causes très différentes, et ce chômage ne pourrait qu'être très aggravé si la crise financière et monétaire mondiale d'aujourd'hui devait se développer. 

·      3- En fait, on ne saurait trop insister sur les profondes similitudes, tout à fait essentielles, qui existent entre la crise d'aujourd'hui et les crises qui l'ont précédée, dont la plus significative est sans doute celle de 1929. Ce qui est réellement important, en effet, ce n'est pas tant l'analyse des modalités relativement complexes, des « technicalities » de la crise actuelle, qu'une compréhension profonde des facteurs qui l'ont générée. 

De cette compréhension dépendent en effet un diagnostic correct de la crise actuelle et l'élaboration des réformes qu'il conviendrait de réaliser pour mettre fin aux crises qui ne cessent de ravager les économies depuis au moins deux siècles, toujours de plus en plus fortes en raison de leur extension progressive au monde entier. 

Rien de fondamentalement nouveau dans la crise de 1929

Ce qui, pour l'essentiel, explique le développement de la New Era, aux États-Unis et dans le monde, dans les années qui ont précédé le krach de 1929, c'est l'ignorance, une ignorance profonde de toutes les crises du XIXe siècle et de leur signification réelle.

La crise de 1929-1934 n'était en fait qu'une répétition particulièrement marquée des crises qui s'étaient succédé au XIXème siècle[10], et dont sans doute la crise de 1873-1879 avait été une des plus significatives. En fait toutes les grandes crises des XVIII, XIX et XX siècles ont résulté du développement excessif des promesses des promesses de payer et de leur monétisation. Partout et à toute époque, les mêmes causes génèrent les mêmes effets et ce qui doit arriver arrive.

Maurice Allais

 

[10] 

  Lors de la crise de 1837, le révérend Leonard Bacon déclarait dans son sermon du 21 mai : « A few months ago, the unparalleled prosperity of our country was the theme of universal gratulation. Such a development of resources, so rapid an augmentation of individual and public wealth, so great a manifestation of the spirit of enterprise, so strong and seemingly rational a confidence in the prospect of unlimited success, were never known before. But how suddenly bas all this prosperity been arrested ! That confidence, which in modern times, and especially in our own country, is the basis of commercial intercourse, is fai­ling in every quarter ; and all the financial interests of the country seem to be convulsed and disorganized. The merchant whose business... [was] conducted on safe principIes... [finds that] loss succeeds to loss, till he shuts up his manufactory and dismisses his laborers. The speculator who dreamed himself rich, finds his fancied riches disappearing like an! exhalation... What more may before us... It is enough to know that this distress is hourly becoming wider and more intense...» (in Irving Fisher, Booms and Depressions, 1932).

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