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"Franklin Roosevelt a-t-il manipulé l'opinion lors du raid japonais sur Pearl Harbour ? Cette accusation est loin d'être invraissemblable.
L'opinion américaine est encore plus hostile à l'entrée en guerre en 1940 qu'en 1917. Le non-remboursement des dettes de guerre par les alliés européens avait renforcé le courant isolationniste qui s'était exprimé par le refus du Sénat américain de signer le traité de Versailles négocié par Wilson. (...) Le 26 novembre 1941, Cordell Hull déclare qu'il se "lave les mains" de l'issue des négociations nippo-américaines. Elles ne peuvent aboutir et les américains le savent. Si les responsables mentent par omission au public, c'est qu'ils attendent la faute ultime de l'ennemi, celle qui permettra de faire entrer leur pays dans la guerre.
Ils sont au courant des préparatifs japonais, ayant décrypté le code secret nippon Magic. On peut se demander alors si l'étude des télégrammes japonais n'avait rien appris à la marine américaine sur la concentration opérée par l'amiral Yamamoto à partir de janvier 1941. A cette date, précisément, la flotte de guerre américaine vient d'être transférée de la base de San Diego en Californie à Pearl Harbour. Joseph Crew, l'ambassadeur des Etats-Unis à Tokyo, a fait savoir à Washington que les japonais "préparaient un projet fantastique" sur Pearl Harbour. Les équipes de renseignement ont décodé les messages de l'état-major japonais demandant au consulat du Japon dans les îles Hawaï de fournir tous les renseignements possibles sur la base de Pearl Harbour. Pour des raisons inexplicables, la décodeuse de la base est déplacée, remplacée par un appareil anglais moins fiable, comme si les renseignements concernant Pearl Harbour n'intéressaient pas l'état-major américain. Il s'attend plutôt à une attaque sur Guam ou les Philippines. Quand les chefs américains de la base de Pearl Harbour, W.C Short et H.E Kimmel, reçoivent un télégramme de "menace de guerre", ils constatent que les porte-avions ont été retirées prestement. Le Saratoga fait route vers la Californie, le Lexington vers Midway, l'Enterprise vers l'île de Wake. Les cuirassés et les navires restés sur place ne sont pas d'un intérêt vital pour la riposte américaine. On a pu penser qu'on les avait laissés à Pearl Harbour pour y servir d'appât. Au reste, sur les 18 bâtiments touchés par les torpilles japonaises, la plupart reprendront du service dans les mois suivants. La flotte américaine n'avait donc pas subi un désastre irréparable. Ses porte-avions géants étaient indemnes ainsi que ses sous-marins.
Roosevelt a-t-il menti ? A-t-il fait délibérément le sacrifice de 2500 G.I et marins tués à Pearl Harbour pour obtenir l'adhésion de tout son peuple à l'entrée massive et immédiate dans la guerre mondiale ? Le pacifisme restait jusqu'au bout très fort dans l'opinion publique américaine. (...) Le 6 décembre 1941, quand le Japon est déjà, selon ses services de renseignements, au bord de la guerre, le président Roosevelt prend l'initiative d'envoyer un message officiel à l'empereur Hiro-Hito pour lui demander de renouer les négociations. Il sait parfaitement grâce à ses décodeurs que l'ambassadeur Nomura doit avertir le gouvernement des Etats-Unis de l'attaque fixée, exactement à 13 heures, le 7 décembre, vingt minutes avant l'heure H. Il avait pour tâche de remettre un mémorandum dont les services américains avaient déjà décodé 13 points sur 14 dès le 6 décembre.
Le 7 décembre au matin était décodé le 14è point: c'était l'ultimatum. Le général Marshall envoyait aussitôt des télégrammes à toutes les bases américaines de Hawaï, de Panama et des Philippines. Le message arrivait trop tard au commandement de Pearl Harbour. Les vagues d'avions bombardiers avaient déjà frappé. Pourquoi la base de Pearl Harbour n'a-t-elle pas été aussitôt prévenue, aussi vite que les autres ? (...)Le Japon avait réussi à surprendre les américains, non sur le jour de leur attaque, mais bien sur le lieu.(...)
Que le raid contre Pearl Harbour fût ou non une surprise pour l'état-major politique et militaire (Roosevelt, Marshall, MacArthur), il avait permis de dénoncer "l'infâmie" d'un ennemi qui avait tiré sur des cibles désarmées, sans déclaration de guerre."
Pierre Miquel, Les mensonges de l'histoire, 2008
Pour un article plus détaillé voir là: http://polemique.roman-livre.com/veritable-histoire-de-pearl-harbour/