• : HISTOIRE-GÉO en LIBERTÉ
  • : Ce lieu permet d'approfondir les thèmes abordés en classe, de clarifier des points essentiels de méthodologie et d'affûter son esprit critique. Il est dédié aux esprits curieux qui ont soif de compréhension et de liberté intellectuelle.
  • Contact

"N'oublie pas de rechercher aussi le bonheur que procure une compréhension nouvelle, apportant un lien supplémentaire entre le monde et toi. Ce devrait être l'oeuvre à laquelle tu apportes le plus grand soin, et dont tu puisses être le plus fier."

 

Albert Jacquard, A toi qui n'est pas encore né.

"On se fait généralement du progrès une idée fort élémentaire"

 

Régine Pernoud (1909-1998), historienne

"Moins d'histoire et de chronologie, ça ne va pas faire des jeunes gens modernes, ça va faire des jeunes gens amnésiques, consensuels et obéissants

Régis Debray

 

 

"Les véritables hommes de progrès ont pour point de départ un respect profond du passé"

Ernest Renan

 

 

17 octobre 2019 4 17 /10 /octobre /2019 12:12

Introduction

En 1998, le procès de Maurice Papon défraya la chronique et fut l'occasion de vifs débats entre intellectuels. Cet événement permit un nouveau coup de projecteur sur les "années noires" vécues par la France, celles de l'occupation et du Régime de Vichy de 1940 à 1944. 

Le document présenté ici est un extrait (...) qui permet de réfléchir sur les enjeux des questions mémorielles. La mémoire, souvent suspecte aux yeux des historiens, entretient généralement des relations ambiguës avec le pouvoir politique et médiatique qui peuvent être tentés de l'instrumentaliser.

Afin de comprendre les enjeux de ce procès, il conviendra dans un premier temps de montrer que la mémoire française de la seconde mondiale a profondément évolué depuis plusieurs décennies, puis d'éclairer le cœur du débat en présentant les dérives possibles liées à la mémoire, parfois hypermnésique quant à certains thèmes.

1ère partie

 Du Résistancialisme à l'éclatement des mémoires

A- Causes et effets du mythe d'une France intégralement résistante

- L'alibi de l'épuration officielle et sauvage = le problème des "collabos" a été réglé.

- Reconstruire une unité nationale (lois d'amnistie de 1951-1953 / Thèse du Glaive et du Bouclier de R. Aron dans son "Histoire de Vichy" en 1954)

- Le "champ" résistancialiste (mémoriaux, musées, cinéma etc.)

B- L'émergence de la mémoire juive du génocide

- Procès Eichmann

- Le rôle essentiel de Paxton ("La France de Vichy" 1973) = Révolution paxtonienne = prise de conscience du rôle de Vichy dans le génocide juif.

- Procès (Touvier / Barbie) et médiatisations diverses (cinéma). 

- Le tournant politique : Chirac et le discours de juillet 1995 / le devoir de mémoire

Transition: c'est parce que la mémoire juive du génocide et son lien avéré avec le Régime de Vichy a de plus en plus été mise en lumière que des procès vont "redevenir" légitimes aux yeux de l'opinion publique

2ème partie

 Les relations complexes entre justice, mémoire et histoire: un débat ouvert

A- Papon, un fonctionnaire de Vichy en accusation

- Rôle établi de Papon durant la guerre

- L'attente du public: solder une "seconde épuration"

B- Un procès justifié par le crime contre l'humanité

C- Les objections déontologiques des intellectuels

- Un distance temporelle trop grande pour évaluer en détail les responsabilités de l'accusé

- Papon bouc-émissaire selon Lanzmann (réalisateur de "Shoah" en 1985): "difficile de juger un seul homme pour tout un système (...) de lui en faire porter le poids" ou selon P. Thibaud qui déclare: "c'est le procès d'un régime, voire d'une époque".

- L'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité mise en doute.

Conclusion

Le devoir de mémoire revendiqué par de nombreuses associations et relayé par les pouvoirs publics conditionne pour une large part le regard de l'opinion publique sur son passé.

Toutefois, la construction de la mémoire, par sa tendance à abolir la distance passé-présent et donc à créer une identification entre les vivants et les morts demeure un sujet de débats.

Le cas du procès Papon fut l'occasion de montrer les limites et dérives possibles du champ mémoriel lorsqu'il tend à s'immiscer dans  le domaine judiciaire.En effet la mémoire, sans s'opposer aux travaux rigoureux des historiens, prend appui sur des considérations morales autant qu'affectives qui constituent autant de pièges pour une justice impartiale.

Si l'historien n'a pas à juger le passé (son rôle consistant à le comprendre), doit-on demander au juge de le faire ?

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires