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"N'oublie pas de rechercher aussi le bonheur que procure une compréhension nouvelle, apportant un lien supplémentaire entre le monde et toi. Ce devrait être l'oeuvre à laquelle tu apportes le plus grand soin, et dont tu puisses être le plus fier."

 

Albert Jacquard, A toi qui n'est pas encore né.

"On se fait généralement du progrès une idée fort élémentaire"

 

Régine Pernoud (1909-1998), historienne

"Moins d'histoire et de chronologie, ça ne va pas faire des jeunes gens modernes, ça va faire des jeunes gens amnésiques, consensuels et obéissants

Régis Debray

 

 

"Les véritables hommes de progrès ont pour point de départ un respect profond du passé"

Ernest Renan

 

 

13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 09:12

Imprégnée du concept chrétien d'un Dieu qui se manifeste dans la rationalité de la nature, imbue de la notion de loi civile dans la vie en société, l'Europe médiévale constituait un terreau particulièrement fertile pour l'émergence de l'idée de lois naturelles et donc pour celle de la science.

science 5On peut se demander pourquoi celle-ci n'a pas vu le jour en Chine qui, pourtant, était dotée d'une culture millénaire, sophistiquée et complexe, et était technologiquement en avance sur l'Occident sur bien des plans (les Chinois avaient par exemple inventé avant les Européens la poudre et la boussole). Je pense que la raison gît dans la conception de la Nature des Chinois. Pour eux, le monde naturel ne résultait pas de l'acte d'un Dieu créateur et dispensateur de lois, mais était engendré par l'action réciproque et dynamique de deux forces polaires: le Yin et le Yang. Parce que la notion de lois de la Nature ne s'imposait pas, les Chinois ne se donnèrent pas la peine de les rechercher.

D'autre part les Chinois avaient une conception holistique de la Nature, où chaque partie interagissait avec chaque autre partie, formant un tout harmonieux qui était plus que la somme des parties individuelles. Ce point de vue holistique ne favorisa pas le développement de l'idée selon laquelle, dans un premier temps, la Nature peut être décomposée en ses parties, et chaque partie être étudiée indépendamment des autres, idée qui est à la base de la méthode réductionniste et qui a permis d'édifier une large part de la science occidentale. Cette dernière ne serait pas possible si nous ne pouvions comprendre une petite fraction de l'Univers sans en comprendre le tout.

Il est évident qu'une approche purement réductionniste ne saurait être le mot de la fin. Nous avons vu que des systèmes considérés dans leur ensemble possèdent des propriétés émergentes qui ne peuvent être déduites de l'étude des composantes individuelles. Par exemple, nous ne pouvons déduire la vie à partir de l'étude de particule élémentaires inanimées. Mais l'approche holistique n'exclut pas l'approche réductionniste: elles sont complémentaires et nous aident toutes deux à percer les secrets de la Nature. Une question demeure cependant: comment se fait-il que nous puissions comprendre une toute petite partie de la Nature sans en comprendre le tout ?

 

Trinh Wuan Thuan, Le Chaos et l'harmonie, 1997

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 12:07

 systeme-solaire16

Les successeurs chrétiens des Grecs repoussaient l'idée d'un univers régi par des lois naturelles aveugles, tout comme ils rejetaient celle d'un univers où l'homme n'occuperait pas une place privilégiée. Malgré l'absence d'un système philosophique cohérent et unique, il était communément admis au Moyen âge que l'Univers était le jouet de Dieu, et la religion était considérée comme un sujet d'étude bien plus intéressant que les phénomènes naturels. Ainsi en 1277, l'évêque de Paris Etienne Tempier, sur instruction du pape Jean XXI, a publié un recueil de 219 erreurs ou hérésies condamnables. Parmi celles-ci figurait la croyance que la nature suit des lois car elle contredisait l'omnipotence de Dieu. Par ironie du sort, c'est une loi physique, celle de la gravitation, qui a tué le pape Jean quelques mois plus tard lorsque le toit de son palais s'est effondré sur lui.

Il a fallu attendre le XVIIe siècle pour voir émerger la conception moderne d'une nature gouvernée par des lois. Kepler semble avoir été le premier savant à appréhender la signification moderne du terme, même s'il conservait une vision animiste des objets physiques. Galilée (1564-1642) n'a presque jamais utilisé le mot "loi" dans son oeuvre scientifique. Qu'il l'ait ou non employé, il a cependant découvert un grand nombre de lois et s'est fait l'avocat de principes essentiels tels que l'observation comme fondation de la science et la mise au jour de relations quantitatives dans les phénomènes physiques comme objectif ultime.  Mais c'est René Descartes (1596-1650) qui, le premier, a formulé explicitement et rigoureusement le concept de lois de la nature dans son acception moderne.

Selon Descartes, tous les phénomènes physiques pouvaient s'expliquer par des collisions de masses mobiles, lesquelles étaient gouvernées par trois lois, précurseurs des célèbres lois de la dynamique de Newton. Elles s'appliquaient en tout temps et en tous lieux. Ses écrits précisent explicitement que la soumission à ces lois d'impliquait en rien que ces corps mobiles fussent dotés d'intelligence.  (...)

Ce renouveau de la foi en l'existence de lois gouvernant la nature s'est accompagné de nouvelles tentatives pour réconcilier ces mêmes lois avec le concept de Dieu. (...) Grâce à Newton (1643-1727) le concept de loi scientifique s'est répandu dans son acception moderne avec ses trois lois de la dynamique et sa loi de la gravitation  qui rendaient compte des orbites de la Terre, de la lune et des planètes, et qui expliquaient des phénomènes comme les marées. 

Stephen Hawking, Y a-t-il un grand architecte dans l'Univers ?, Odile Jacob, 2011

 

Stephen Hawking, Y a-t-il un grand architecte dans l'Univers ?, Odile Jacob, 2011

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 20:00

Le mot « utopie » a été inventé en 1516 par l'anglais sir Thomas More. Du grec u, préfixe négatif, et topos, endroit, qui signifie donc qui « ne se trouve en aucun endroit ».

Thomas More était un diplomate, chancelier du royaume d'Angleterre, et un humaniste ami d'Erasme. Dans son livre intitulé l'Utopie, il décrit une île merveilleuse qu'il nomme précisément Utopie et où s'épanouie une société idyllique qui ignore l'impôt, la misère, le vol. Il pensait que la première qualité d'une société « utopique » était d'être une société de « liberté ».Il décrit ainsi son monde idéal: cent mille personnes vivant sur une île. Les citoyens sont regroupés par familles. Trente familles constitue un groupe qui élit un magistrat, le Syphogrante. Les syphograntes forment eux-même un conseil qui élit le gouverneur à partir d'une liste de candidats. Le prince est élu à vie, mais s'il devient tyrannique on peut le démettre. Pour les guerre, l'île d'Utopie emploie des mercenaires, les Zapolètes. Ces soldats sont censés se faire massacrer avec leurs ennemis pendant la bataille. Ainsi l'outil se détruit après l'usage. Sur Utopie il n'y a pas de monnaie, chacun se sert au marché en fonction de ses besoins. Toutes les maisons sont identiques. Il n'y a pas de serrures aux portes et chacun est contraint de déménager tous les dix ans afin de ne pas se figer dans ses habitudes. L'oisiveté est interdite. Pas de femmes au foyer, pas de prêtres, pas de nobles, pas de valets, pas de mendiants. Ce qui permet de réduire la journée de travail à six heures. Tout le monde est tenu d'accomplir un service agricole de deux ans pour approvisionner le marché gratuit. En cas d'adultère ou de tentative d'évasion de l'île, le citoyen perd sa qualité d'homme libre et devient esclave. Il doit alors travailler beaucoup plus et obéir à ses anciens concitoyens.

Disgracié en 1532 parce qu'il désavouait le divorce du roi Henri VIII, sir Thomas More fut décapité eb 1535.

 

B. Werber, nouvelle encyclopédie du savoir absolu et relatif, 2011

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 11:20

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