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"N'oublie pas de rechercher aussi le bonheur que procure une compréhension nouvelle, apportant un lien supplémentaire entre le monde et toi. Ce devrait être l'oeuvre à laquelle tu apportes le plus grand soin, et dont tu puisses être le plus fier."

 

Albert Jacquard, A toi qui n'est pas encore né.

"On se fait généralement du progrès une idée fort élémentaire"

 

Régine Pernoud (1909-1998), historienne

"Moins d'histoire et de chronologie, ça ne va pas faire des jeunes gens modernes, ça va faire des jeunes gens amnésiques, consensuels et obéissants

Régis Debray

 

 

"Les véritables hommes de progrès ont pour point de départ un respect profond du passé"

Ernest Renan

 

 

13 septembre 2009 7 13 /09 /septembre /2009 17:03

Tout démarre avec  la déconfiture du marché de l’immobilier américain lors de la crise des subprimes et les conséquences économiques et sociales qui en ont suivi aux Etats-Unis : expulsion en masse des petits propriétaires ne pouvant plus rembourser leurs dettes, faillites en cascade des banques, des assurances et des organismes de crédit et retour précipité de l’investissement de l'état pour sauver ce qui pouvait encore l’être et éviter la faillite du système.

 

Tout ça se passe aux Etats-Unis.

 

Sauf que grâce à notre économie mondialisée, c’est toute la planète financière qui s’apprête à boire la tasse.

  Une allégorie superbe de l'économie globalisée par le journal économique "The Financial Times" où les immeubles des plus grands centres d'affaires du monde (l'Arche de la Défense à Paris, la Tour 101 de Taipei,  le "Concombre" de Londres etc...) semblent  ne plus faire qu'une seule ville mondiale.

En effet cela fait maintenant des siècles que l’argent circule bien plus vite que les êtres humains. On pourrait revenir aux banquiers italiens finançant les cours d’Europe à coup de lettres de crédits ou aux investisseurs espagnols organisant l’exploitation des plantations et des mines du Nouveau Monde et l’affrètement de bateaux pour aller chercher les esclaves pour aller y travailler (un variante du concept de délocalisation si on y réfléchit bien). Mais sans aller si loin il faut bien se rappeler que le formidable essor des moyens de communication a permis d’envisager le commerce et surtout les échanges d’argent de façon mondiale.

 

Le télégraphe, puis le téléphone, le satellite, l’ordinateur ont rendu le transport d’informations universel et instantané. Les financiers ne raisonnent plus dans le cadre étroit de leurs marchés nationaux mais peuvent désormais jouer en bourse à Paris, New York, Singapour ou Tokyo sans quitter le confort de leur bureau. Le long des fuseaux horaires, on pourra toujours trouver une bourse ouverte quelque part dans le monde et passer ses ordres bancaires d’un simple clic de souris.

 

Les banques du monde entier ont ainsi investi ou emprunté de l’argent un peu partout au gré des opportunités financières. Et les plus importantes d’entre elles se trouvent tout naturellement dans la première économie mondiale : les Etats-Unis.

 

C’est pourquoi toutes les grandes banques ou assurances européennes ou asiatiques ont investi massivement sur le marché américain. Eblouies par les profits escomptés sur ce marché prometteur elles n’ont pas toujours vu l’état de dégradation du marché et la multiplications des crédits « pourris » qui commençaient à s’accumuler. Et pourtant les indices du surendettement et de la difficulté de se faire rembourser pour les banques américaines étaient de plus en plus visibles. Mais la culture des sociétés financières est au profit rapide et immédiat, de manière à générer de grosses marges bénéficiaires qui vont contenter les actionnaires sans trop se soucier des conséquences à long terme. De toute façon, ces dernières années, les patrons des grandes banques ou sociétés qui ont fait plonger leurs firmes par incompétence ont toujours pu quitter leur poste avec des primes se chiffrant en milliers d’euros. C’est ce qu’on appelle familièrement les "parachutes dorés" votés par les représentants des actionnaires, qui sont pour la plupart issus des mêmes milieux patronaux et qui permettent aux dirigeants des grosses entreprises de toucher des primes de départ conséquentes même quand ils ont eu des mauvais résultats. On préfère ensuite se rattraper en licenciant des employés ou en fermant des succursales ou des usines.

 

Toujours est-il que la dégringolade des organismes de prêts américains commence à se répercuter en Europe et en Asie. La crise immobilière s’est transformée en crise financière Nos groupes européens ne peuvent plus récupérer leur argent investi dans des banques qui font faillites ou dont les caisses sont vides. Lundi 29 septembre, c’est l’équivalent du PIB de l’Espagne qui est partie en fumée à Wall Street.

                                                                                               Dessin de Lasserpe


D’où une panique qui met à mal tous les marchés financiers surtout avec les faillites spectaculaires de grandes banques américaines comme Lehman Brothers, un mastodonte de la finance vieux d’un siècle. Ce genre de société tellement implantée dans la vie des américains qu’on avait fini par les croire des institutions indestructibles comme pourraient l’être chez nous des marques de confiance comme le Crédit agricole ou la Caisse d’Epargne. La peur s’est donc emparée des places boursières. Plus personne ne veut prendre le risque d’investir, tout le monde demande à récupérer son argent déposé dans des banques mettant le couteau sous la gorge de ces sociétés qui se retrouvent à cours de fonds.

 

Un grand nombre de grosse firmes européennes se trouve en difficulté: Un exemple : Dexia, géant franco-belge de la banque et de l’assurance dont les filiales américaines sont ruinées par la crise se retrouve au bord de la faillite. Tant pis pour elle pourrait-on se dire. C’est la loi de l’économie normalement… Sauf que Dexia est le leader des prêts aux mairies, pour leurs projets et leurs travaux. Si on la laisse tomber, elle va logiquement se retourner vers ses créanciers et donc ce sont toutes les mairies qui vont devoir rembourser leurs emprunts en catastrophe. Ruine des municipalités en perspective…


Source : Libération.fr
 



D’où sa recapitalisation.
C'est-à-dire donner de l’argent public à ces sociétés pour apurer leurs comptes et restaurer la confiance du marché financier. Les états belges, français et luxembourgeois réinjectent 5 milliards d’euros pour éviter la faillite de Dexia. En échange, les états se retrouvent partiellement propriétaires de la firme. C’est une forme de nationalisation : reprise en main par les états des sociétés privées. Ce n’est pas de gaité de cœur pour les gouvernements européens plutôt portés vers le modèle libéral. Depuis les années 80, la tendance était plutôt à la privatisation : vendre au marché privé les entreprises de service public : TF1, les autoroutes, Air France, France Télécom bientôt la Poste. Changement de cap, l'état redevient propriétaire d'entreprises malades pour les sauver.

 

Est-ce au contribuable de renflouer des sociétés qui ont joué en bourse comme dans un grand casino. Privatiser les gains, nationaliser les pertes ? Logiquement non. Sauf que si les banques coulent, ce sont toutes les économies de leurs petits clients qui disparaissent. Toutes vos économies ! Quand aux pays en voie de développement qui doivent énormément d’argent aux banques internationales, elle risquent encore de se voir pressurer davantage pour rembourser leurs dettes.

 

Devinez qui va trinquer si le système financier s’effondre…

Sur le modèle de ce qui s’est passé avec Freddie Mac et Fannie Mae aux Etats-Unis, les états européens et asiatiques renflouent leurs sociétés. Mardi la Banque du Japon  a remis 3.000 milliards de yens (19,5 milliards d'euros) dans son système bancaire, intervenant pour la 10e journée ouvrable consécutive. Au Royaume-Uni, le gouvernement a été contraint lundi de nationaliser la banque Bradford & Bingley. Après avoir longtemps dénoncé le poids de l’état dans l’économie, le patronat européen tourne sa veste et vient quémander l’aide du pouvoir politique. Aux Etats-Unis le secrétaire au Trésor Henry Paulson a proposé un plan d’aide de 700 milliards de dollars pour renflouer l’ensemble des banques américaines et restaurer ainsi la confiance financière. Plan refusé par une majorité de membres de la chambre des représentants accrochés à l’idée que l’état n’a pas à se mêler des affaires économiques privées même si les dégâts risquent d’être important pour les bas de laines du citoyen lambda.

 Le système financier sera probablement sauvé par la puissance publique, seule capable de restaurer ce qui fait la valeur des monnaies et des actions : la confiance. Bref cette crise sans avoir encore l’ampleur de celle de 1929 risque de marquer le retour au premier plan des états comme acteurs majeurs de l’économie mondiale.

Il faudrait aussi esperer que cette crise serve de leçon à nos chers banquiers et traders si sûrs de leur clairvoyance. Mais il ne faut pas se faire d'illusions, ce n'est pas la première crise de grande ampleur. Une fois que le contribuble aura payé pour leurs bévues, tout va redemarrer comme avant. Ce n'est pas la première crise grave du système financier et à chaque fois, malgré les régulations, la bourse a recommencé à flamber de façon totalement irrationnelle jusqu'à la crise de panique suivante...

La crise au jour le jour vu par le journal économique : « les Echos »
L'avis de Jean-Christophe Diedrich accompagné d'explications économiques qui éclairent cette crise.
L'excellent article sur le sujet de Bruno Sentier

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