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"Les véritables hommes de progrès ont pour point de départ un respect profond du passé"

Ernest Renan

 

 

15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 19:40
Benoît Richard

L’économie américaine est celle d’un géant qui dépasse en taille et en poids tous les autres pays du globe. Mais elle est aujourd’hui menacée par une fragilité accrue et un endettement massif envers les autres pays. Plus qu’une économie impériale, les Etats-Unis développent une dépendance croissante envers le reste du monde.

 

S’il est un secteur qui résume et symbolise à la fois l’hégémonie américaine, c’est bien celui de l’économie. En la matière, les Etats-Unis sont un géant qui dépasse, par la taille et par le poids, tous leurs concurrents.
Le PIB américain, 12 400 milliards de dollars en 2005, représente autant que celui des sept autres économies réunies au sein du G8 (Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie). Et cette prépondérance est loin de s’affaiblir. Entre 1997 et 2001, le PIB américain a augmenté de 23 %. Aucune autre économie du G8 n’a fait mieux.
L’économie a joué un rôle central dans l’accession des Etats-Unis au statut de puissance impériale. En effet, ce n’est pas un plan délibéré de conquête territoriale mais la domination de fait résultant de la fin de la Seconde Guerre mondiale qui a consacré le leadership américain sur le monde. Le PNB américain représentait alors plus de la moitié du produit brut mondial. L’avènement d’un nouvel ordre international était nécessaire. Il s’est logiquement décentré de l’Europe, exsangue, pour trouver sa place auprès de la première puissance économique mondiale. La prédominance économique américaine ne date donc pas des années 1990. Dès la fin du xixe siècle, les Etats-Unis ont accédé au rang de première puissance industrielle du monde. En 1913, ils représentaient déjà plus du tiers de la production industrielle mondiale.
Au lendemain de la dernière guerre mondiale commence une période faste qu’on peut qualifier d’« american dream ». « Au milieu des années 1960, l’Amérique gérait une sorte d’étrange hybride des anciens Empires romain et britannique, souligne le politiste Pierre Mélandri. Elle avait repris le rôle de chantre du libre-échange, de fournisseur en ressources financières et d’ordonnateur du système monétaire longtemps assuré par l’Angleterre (1). » Les firmes états-uniennes multiplient alors implantations et rachats à l’étranger, le dollar accède au statut de devise étalon et de monnaie d’échange internationale.
 Cette superpuissance économique permet d’assurer également une importante présence militaire à l’étranger, qui renforce à son tour la présence économique américaine dans le monde. Les alliés sont aussi la plupart du temps des clients.
Avec la fin de la guerre froide, l’économique prend encore davantage le pas sur le militaire. L’hégémonie économique convient en fait bien mieux aux Etats-Unis que l’empire militaire, qui comporte des coûts financiers et humains importants. Les Américains ne sont pas prêts à sacrifier le niveau de vie acquis grâce à leur économie pour mener une politique véritablement impériale et agressive. Sur une échelle de temps longue, la domination de soft power*, par le commerce notamment, a leur préférence, plus que la conquête guerrière. L’invasion de l’Afghanistan puis celle de l’Irak sous la présidence de George W. Bush ont pu donner une image plus belliqueuse de l’Amérique, mais méfions-nous des effets de loupe dus au contexte et à l’actualité du moment.

Qui se souvient aujourd’hui des analyses qui faisaient florès, jusqu’à la veille de la chute du mur de Berlin, sur le déclin inexorable de l’économie américaine ? A plusieurs reprises au cours de son histoire, le pays a connu de sévères crises. La plus importante d’entre elles fit suite au krach boursier de 1929 avec une chute de moitié de la production industrielle jusqu’en 1933. Dans les années 1970-1980, plusieurs analystes crurent voir dans la désindustrialisation des Etats-Unis l’amorce d’une phase de déclin (2). Gardons-nous d’exagérer la toute-puissance de l’économie américaine aussi bien que ses faiblesses.
Les années 1990 ont propulsé la puissance américaine à un niveau tel qu’il a permis le lancement de la « révolution capitaliste » sur la quasi-totalité de la planète, relayée dès le milieu de la décennie par un essor économique et des succès technologiques conséquents. Mais les années 2000 ont mis au jour des fragilités, en fait latentes depuis plusieurs décennies. La guerre froide a impacté l’économie américaine et produit des déséquilibres qui ne se sont pas résorbés depuis la fin du conflit mais se sont accentués (3).

Du chant du déclin à celui de l’hégémonie

Le premier de ces déséquilibres concerne le commerce. Apparu dès le début des années 1970 comme un élément structurel de l’économie mondiale, le déficit commercial est passé de 100 à 450 milliards de dollars entre 1990 et 2000 pour atteindre 719 milliards de dollars en 2005.  Viennent ensuite les finances publiques. Depuis l’intervention en Afghanistan et surtout la guerre en Irak, le déficit budgétaire atteint lui aussi des niveaux abyssaux (plus de 400 milliards prévus en 2006).
Corollaire de ces deux déficits, l’endettement du pays ne cesse de grossir pour atteindre des sommets vertigineux. La dette publique se monte à 8 000 milliards de dollars en 2005, soit près de 70 % du PIB, et la dette externe* à 8 800 milliards de dollars.
dette totale usa
Non seulement les Etats-Unis sont endettés, mais ils ne peuvent pas faire appel à l’épargne domestique pour trouver des crédits. Les ménages américains sont, eux-mêmes, très endettés (117 % du revenu disponible en 2003). Ce fort endettement est aujourd’hui compensé par la hausse de l’immobilier. Plusieurs experts soulignent cependant la fragilité d’un tel équilibre qui ne pourra qu’être rompu si le marché de l’immobilier se retourne. En tout état de cause, l’« hyperpuissance américaine » n’a pas d’autre choix que de faire appel à des bailleurs étrangers. Or, aujourd’hui, ces bailleurs sont aussi les puissances susceptibles à terme de remettre en cause le leadership américain, à commencer par la Chine.
Ce sont en effet principalement les banques centrales asiatiques qui financent les emprunts américains : le Japon pour 800 milliards, la Chine pour 320 milliards. Celle-ci est en effet assise sur un trésor de réserves de changes (900 milliards de dollars) acquis grâce aux excédents qu’elle dégage avec le commerce américain. La première économie du monde se finance de plus en plus aux frais de pays plus pauvres parce qu’elle représente, en tant que marché, le principal débouché pour ces économies en forte croissance. L’historien Emmanuel Todd voit ainsi dans le déficit commercial des Etats-Unis « un prélèvement impérial » qui permet aux Américains de consommer tandis que le reste du monde produit et épargne (4). C’est faire fi de la dépendance d’une telle relation. « Les Etats-Unis dépendent, pour 10 % de leur consommation industrielle, de biens dont l’importation n’est pas couverte par des exportations de produits nationaux », remarque le même E. Todd. Ironiquement, la capacité de financement de l’Asie est devenue un élément clé de la prospérité américaine.
Dans un monde global, tant que les déséquilibres sont acceptés de part et d’autre et que chacun y trouve son compte, les fragilités sont, pour ainsi dire, partagées. Le système conserve une certaine stabilité, mais cela a un prix : une plus grande contrainte due à l’interdépendance. Le paradoxe de l’économie américaine, c’est qu’elle n’a cessé sur le long terme de conférer aux Etats-Unis une influence grandissante dans les affaires du monde. Et aujourd’hui, alors que le pays s’affirme comme plus puissant que jamais, l’économie apparaît comme le premier domaine dans lequel les Etats-Unis subissent, et de facto acceptent, une entrave à leur souveraineté tant grandit leur dépendance vis-à-vis du reste du monde.

 

NOTES

(1) P. Mélandri, « Les États-Unis : un empire qui n’ose pas dire son nom ? », Cités, n° 20, 2004.
(2) Voir P. Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, Payot, 1996.
(3) E. Todd, Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain, Gallimard, 2002.
(4) Ibid.

 

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 19:05
Par  Sylvie Brunel

Géographe et économiste, professeure des universités à l’université Paul-Valéry de Montpellier et à l’IEP-Paris, elle a publié, entre autres, La Planète disneylandisée. Chronique d’un tour du monde, éd. Sciences Humaines, 2006 ; Le Développement durable, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2004 ; L’Afrique, Bréal, 2003.


Depuis le début des années 1990, la « mondialisation » désigne une nouvelle phase dans l’intégration planétaire des phénomènes économiques, financiers, écologiques et culturels.

Un examen attentif montre que ce phénomène n’est ni linéaire ni irréversible.


« Avant,les évènements qui se déroulaient dans le monde
n’étaient pas liés entre eux. Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres. » La constatation est banale, hormis le fait que celui qui la formule, Polybe, vivait au IIe siècle avant J.-C. ! La mondialisation, cette création d’un espace mondial interdépendant, n’est donc pas nouvelle. Certains la font même remonter à la diffusion de l’espèce humaine sur la planète…
Dès l’Empire romain, une première mondialisation s’est organisée autour de la Méditerranée. Mais il faut attendre les grandes découvertes, au XVe siècle, pour assurer la connexion entre les différentes sociétés de la Terre et la mise en place de cette « économie-monde » décrite par l’historien Fernand Braudel (1). Une mondialisation centrée sur l’Atlantique culmine au XIXe siècle : entre 1870 et 1914 naît un espace mondial des échanges comparable dans son ampleur à la séquence actuelle. Ouverture de nouvelles routes maritimes, avec le percement des canaux de Suez et de Panama, doublement de la flotte marchande mondiale et extension du chemin de fer, multiplication par 6 des échanges, déversement dans le monde de 50 millions d’Européens, qui peuplent de nouvelles terres et annexent d’immenses empires coloniaux…, la naissance de la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd’hui a commencé il y a un siècle et demi.
Mais le processus n’est pas linéaire : la Première Guerre mondiale puis la grande dépression des années 1930 suscitent la montée des nationalismes étatiques, une fragmentation des marchés, le grand retour du protectionnisme. La mondialisation n’est plus à l’ordre du jour jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

La guerre froide et la constitution des blocs figent ensuite le monde pendant près d’un demi-siècle. Pourtant, la mondialisation actuelle est déjà en train de se mettre en place. Jacques Adda la définit comme « l’abolition de l’espace mondial sous l’emprise d’une généralisation du capitalisme, avec le démantèlement des frontières physiques et réglementaires (2) ».

Selon l’OCDE, elle recouvre trois étapes :

• l’internationalisation,
c'est-à-dire le développement des flux d’exportation ;
• La transnationalisation, qui est l’essor des flux d’investissement et des implantations à l’étranger ;
• La globalisation, avec la mise en place de réseaux mondiaux de production et d’information, notamment les NTIC (nouvelles technologies d’information et de communication).

La mondialisation actuelle, ce « processus géohistorique d’extension progressive du capitalisme à l’échelle planétaire », selon la formule de Laurent Carroué (3), est à la fois une idéologie – le libéralisme –, une monnaie – le dollar –, un outil – le capitalisme –, un système politique – la démocratie –, une langue – l’anglais.
A chaque phase de mondialisation, on retrouve les mêmes constantes : révolution des transports et des moyens de communication, rôle stratégique des innovations (les armes à feu au XVe siècle, la conteneurisation après la Seconde Guerre mondiale, Internet depuis les années 1990), rôle essentiel des Etats mais aussi des acteurs privés, depuis le capitalisme marchand de la bourgeoisie conquérante à la Renaissance jusqu’aux firmes transnationales et aux ONG aujourd’hui.

D’abord et avant tout une globalisation financière

C’est le « doux commerce », selon la formule de Montesquieu, qui fonde la mondialisation : ce que les Anglo-Saxons appellent globalisation (le terme mondialisation n’a pas son équivalent anglais) est né d’un essor sans précédent du commerce mondial après 1945. Depuis cette date, les échanges progressent plus vite que la production de richesses. Ils sont dopés par la généralisation du libre-échange, avec la mise en place du Gatt (l’accord général sur les tarifs et le commerce) en 1947 et la création de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en 1995.
La mondialisation actuelle est d’abord et avant tout une globalisation financière, avec la création d’un marché planétaire des capitaux et l’explosion des fonds spéculatifs.
La fin de la régulation étatique qui avait été mise en place juste après la Seconde Guerre mondiale s’est produite en trois étapes : d’abord, la déréglementation, c’est-à-dire la disparition en 1971 du système des parités stables entre les monnaies, qui se mettent à flotter au gré de l’offre et de la demande ; ensuite, la désintermédiation, possibilité pour les emprunteurs privés de se financer directement sur les marchés financiers sans avoir recours au crédit bancaire ; enfin, le décloisonnement des marchés : les frontières qui compartimentaient les différents métiers de la finance sont abolies, permettant aux opérateurs de jouer sur de multiples instruments financiers. Grâce aux liaisons par satellite, à l’informatique et à Internet, la mondialisation se traduit par l’instantanéité des transferts de capitaux d’une place bancaire à une autre en fonction des perspectives de profit à court terme. Les places boursières du monde étant interconnectées, le marché de la finance ne dort jamais. Une économie virtuelle est née, déconnectée du système productif : au gré des variations des taux d’intérêt des monnaies et des perspectives de rémunération du capital, la rentabilité financière des placements devient plus importante que la fonction productive. Les investisseurs peuvent choisir de liquider une entreprise, de licencier ses salariés et de vendre ses actifs pour rémunérer rapidement les actionnaires.

L'avènement des doctrines libérales

Comment en est-on arrivé là ? Le tournant décisif se produit dans les années 1980. En 1979, l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan aux Etats-Unis et de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne signifie l’avènement des doctrines libérales. La même année, le Sénégal inaugure le premier « plan d’ajustement structurel » : la crise de la dette vient de commencer pour les pays en développement, obligés d’adopter des « stratégies de développement favorable au marché », selon la formule des institutions financières internationales (Banque mondiale et FMI). Cette unification des modèles économiques gagne non seulement le monde en développement mais aussi les pays de l’Est : c’est en 1979 toujours que la Chine libéralise son agriculture. Cinq ans plus tard, en 1984, elle ouvre ses premières zones économiques spéciales. Cinq ans après encore, la disparition du mur de Berlin annonce celle de l’Union soviétique en 1991, année où l’Inde, jusque-là nationaliste, protectionniste et autarcique, se libéralise à son tour.
En dix ans, la face du monde a résolument changé. La fin de la guerre froide crée l’illusion qu’une communauté internationale est née, qui va enfin percevoir « les dividendes de la paix ». Le capitalisme paraît avoir triomphé, au point que Francis Fukuyama annonce « la fin de l’histoire ». Les firmes transnationales amorcent un vaste mouvement de redéploiement de leurs activités.
La décennie 1990 est jalonnée par de grandes conférences internationales où les acteurs traditionnels de la diplomatie, les Etats et les institutions internationales, se voient bousculés, interpellés par de nouveaux acteurs, qui privilégient la démocratie participative. Filles de la mondialisation, dont elles utilisent un des ressorts essentiels, le pouvoir des médias et de la communication, les ONG se fédèrent en réseaux planétaires grâce à l’utilisation d’Internet. Elles imposent la vision nouvelle d’un monde interdépendant, où les grandes questions – pauvreté, santé, environnement – doivent être appréhendées de manière globale. Le Sommet de la Terre (Rio, 1992) inaugure ainsi l’ère du développement durable.

Le réseau plutôt que le territoire

Mais l’apparente unification de l’espace planétaire cache de profondes disparités. A l’espace relativement homogène d’avant la révolution industrielle s’est substitué un espace hiérarchisé entre des territoires qui comptent dans l’économie mondiale et d’autres qui sont oubliés. « Le monde de la globalisation est un monde de la concentration, de toutes les concentrations : la moitié de l’humanité réside sur 3 % des terres émergées, et la moitié de la richesse mondiale est produite sur 1 % des terres », explique Olivier Dollfus (4).

La mondialisation a à la fois des centres d’impulsion et des périphéries, intégrées ou au contraire délaissées.

Les espaces moteurs de la mondialisation appartiennent à l’« archipel métropolitain mondial », une toile de grandes mégalopoles, essentiellement localisées au sein de la Triade (Etats-Unis, Europe, Japon), qui sont reliées entre elles par des réseaux.
La logique du réseau évince celle du territoire : réseaux de transport (des hommes, des marchandises, des matières premières, de l’énergie), mais aussi réseaux de télécommunications et réseaux relationnels. Malgré les extraordinaires progrès des technologies, il n’y a donc aucune abolition du temps et de l’espace, mais la distance n’est plus métrique : elle s’apprécie en fonction de l’équipement des lieux en réseaux, qui définit leur accessibilité et leur attractivité. Les effets de centralité se renforcent, au détriment des territoires ou des populations qui n’ont pas d’« avantage comparatif » dans la mondialisation, pas de pouvoir d’achat ou pas de matières premières par exemple. Ceux-là disparaissent dans des trous noirs, sauf quand l’enclavement leur confère précisément la valeur d’un isolat, culturel ou naturel (5). Le tourisme, première industrie mondiale, peut ainsi parfois renverser la hiérarchie des lieux en muséifiant de prétendus paradis perdus (6).

Le grand retour des États

La mondialisation renforce donc les inégalités. Sur un plan spatial, puisque l’accentuation de la rugosité de l’espace s’observe à toutes les échelles : planétaire, régionale, nationale, locale. Mais aussi sur le plan social : l’écart entre ceux qui peuvent saisir les opportunités offertes par la mondialisation et ceux qui ne trouvent pas leur place, entre riches et pauvres, se creuse à toutes les échelles. Un cinquième de l’humanité seulement consomme (et produit) les quatre cinquièmes des richesses mondiales.

Sans régulateur, la mondialisation engendre la marginalisation des plus faibles et la prolifération des activités illicites, voire criminelles. Sans contre-pouvoir, le capitalisme finit par aboutir à des situations de concentration et de monopole qui ruinent la concurrence et remettent en question les mécanismes du marché. Face à ces logiques comme à l’émergence de multiples passagers clandestins, il faut des régulateurs.
Loin d’abolir le rôle des Etats, la mondialisation leur redonne au contraire tout leur sens : seule la puissance publique peut réguler la mondialisation en fixant des normes, en redistribuant les richesses, en aménageant le territoire. Tentations du protectionnisme, fermeture des frontières, mise en œuvre de législations contraignantes, la mondialisation s’accompagne paradoxalement du grand retour des Etats. Le libre-échange est contesté dès lors qu’il compromet certaines questions jugées essentielles, comme l’emploi, la sécurité, la santé ou l’accès à l’énergie. Les zones d’influence se reconstituent par le biais des accords bilatéraux. Entre le dirigisme des pays émergents, le « socialisme de marché » de la Chine et du Viêtnam, les dictatures d’Asie centrale, et le grand retour du nationalisme en Amérique centrale, le libéralisme est loin de régner sur la planète, y compris et surtout dans sa patrie d’adoption, les Etats-Unis, qui le remettent en question depuis que le centre de gravité du monde s’est déplacé de l’Atlantique vers le Pacifique avec la montée en puissance de la Chine.
Loin d’abolir l’espace, la mondialisation redonne au contraire toute leur force aux singularités locales. « En tant que changement d’échelle, c’est-à-dire invention d’un nouvel espace pertinent, la mondialisation crée inévitablement des tensions sur les configurations locales préexistantes en les menaçant d’une concurrence par sa seule existence (7). » L’incertitude face aux mutations du monde, la rapidité des changements suscitent en réaction une réaffirmation des identités locales, une réactivation des communautés d’appartenance : recherche de socles identitaires, montée des communautarismes, la mondialisation fragmente paradoxalement le monde. Jamais les combats mémoriels et l’intolérance religieuse n’ont été aussi aigus.
Absence d’une gouvernance et de régulateurs mondiaux, grand retour des Etats et du local, la mondialisation est ainsi en train de se muer imperceptiblement en « glocalisation (8) », juxtaposition à l’infini de politiques locales, visant à décliner à leur façon une économie mondiale qui s’inscrit d’abord et avant tout dans des lieux, un « espace vécu », pour reprendre la formule du géographe Armand Frémont (9). « Le local n’est plus le foyer d’une socialisation rassemblée dont la communauté villageoise était la forme la plus aboutie, mais le point de rencontre, voire de confrontation entre des groupes dont chacun possède son propre espace d’action et de référence (10). »
En ce début de XXIe siècle, la mondialisation se trouve ainsi, paradoxalement, en recul. Comme si elle n’avait constitué qu’une phase historiquement datée dans l’histoire de l’humanité.

 

Notes

(1) F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, 1979, rééd. LGF, 3 vol., 2000. Voir aussi La Dynamique
du capitalisme
, 1985, rééd. Flammarion, coll.« Champs », 2005.
(2) J. Adda, La Mondialisation de l’économie. Genèse et problèmes, La Découverte, 7e éd. 2006.
(3) L. Carroué, D. Collet et C. Ruiz, La Mondialisation. Genèse, acteurs et enjeux, Bréal, 2005.
(4) O. Dollfus, La Mondialisation, Presses de Sciences po, 2e éd., 2001.
(5) J. Lévy, Le Tournant géographique. Penser l’espace pour lire le monde, Belin, 1999.
(6) S. Brunel, La Planète disneylandisée. Chronique d’un tour du monde, éd. Sciences Humaines, 2006.
(7) J. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie, Belin, 2003.
(8) Y. Lacoste, De la géopolitique aux paysages. Dictionnaire de la géographie, Armand Colin, 2003.
(9) A. Frémont, La Région, espace vécu, Flammarion, coll. « Champs », 1999.
(10) O. Dollfus, op. cit.

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15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 18:56

Fabriquer des carburants à partir des plantes a longtemps été considéré comme une solution d’avenir. Mais la montée en puissance des agrocarburants fragilise l’alimentation mondiale.

Pendant un siècle, l’économie mondiale s’est appuyée sur les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Abondants, stables chimiquement – donc aisés à transporter –, pas chers, faciles à produire, les carburants issus des hydrocarbures représentent aujourd’hui 98 % de l’énergie utilisée dans les transports (routiers, ferroviaires, aériens). Mais le couple carburants fossiles/transports est considéré aujourd’hui comme ayant deux grands défauts. Même si la disparition du pétrole est très lointaine, il va se raréfier progressivement entraînant de possibles tensions géopolitiques entre pays producteurs – particulièrement au Moyen-Orient – et consommateurs ; et sa combustion dégage des quantités importantes de CO2, responsables en grande partie du réchauffement climatique (84 % des GES – gaz à effet de serre – viennent des émissions de CO2).

D’où la réactivation, il y a une vingtaine année, d’une idée ancienne : fabriquer des carburants à partir des plantes. « Réactivation » car on avait déjà utilisé des agrocarburants à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Rudolf Diesel affirmait ainsi en 1912 que « les huiles végétales pourraient devenir aussi importantes que le pétrole aujourd’hui ». Et même si le pétrole fossile avait déjà gagné la partie en 1936, la France consommait encore à l’époque 400 millions de tonnes de bioéthanol. Mais la découverte des facilités des combustibles fossiles avait rapidement orienté différemment la production.

Quelles surfaces pour les biocarburants ?

Aujourd’hui, « il existe trois grandes filières d’obtention de biocarburants : la filière de l’éthanol, celle des huiles et celle des produits ligno-cellulosiques appelée aussi “de deuxième génération” car elle est en cours de mise au point alors que les deux premières sont fonctionnelles (1) ».
La première filière utilise les plantes capables de fabriquer du sucre (cannes et betteraves à sucre), la deuxième les plantes oléagineuses (soja, tournesol, colza mais aussi palmier à huile et jatropha). L’intérêt de ces filières est évident : la biomasse végétale peut fournir une énergie durable, n’est pas liée à une région mondiale particulière – donc ne crée a priori pas de tensions géopolitiques – et, en théorie, se révèle faiblement émettrice de CO2, car pendant leur culture, les plantes piègent autant de gaz qu’elles vont ensuite en émettre au moment de leur combustion. La consommation actuelle de biocarburant est de 15,5 millions de tonnes/an : 6,4 millions au Brésil, 6,8 aux États-Unis et 2 dans l’Union européenne.

Mais les biocarburants ont aussi une grande faiblesse : ils entrent en concurrence avec les cultures alimentaires à un moment où l’on assiste à une mondialisation des goûts et à une demande de plus en plus forte, en Chine et en Inde, de viande et de pain dont les productions sont fortement utilisatrices de terres agricoles.

 Si la France voulait remplacer 10 % des carburants pétroliers par des biocarburants, elle devrait y consacrer 2,7 millions d’hectares soit 18,5 % de sa surface agricole utile (SAU) contre 320 000 hectares actuellement qui couvrent 0,97 % des besoins en carburant. Dans l’état actuel de productivité des agrocarburants, il faudrait deux fois la surface totale de la SAU française pour couvrir l’ensemble des besoins en carburant.

Les aliénés du moteur à explosion

À l’échelle mondiale, la FAO a calculé que la SAU planétaire pourrait nourrir environ 10 milliards d’individus. Il faudrait donc trois planètes Terre – toujours dans les termes de productivité actuelle – pour couvrir à la fois la demande alimentaire et les besoins en biocarburants.

Comme le dit Fabrice Nicolino dans un pamphlet récent (2), à la fois essai, enquête et dénonciation apocalyptique de la concurrence agrocarburants/agroalimentaire : « Tout l’édifice repose sur elle, la bagnole. Sur le désir fou des humains d’avoir à portée de main cet énorme engin dévoreur d’espaces et de ressources. Les biocarburants, c’est pour elle. Et pour nous, les aliénés du moteur à explosion. L’explosion est là, d’ailleurs. »

 

                                                                                                                                                             René-Eric Dagorn

NOTES :

(1) Paul Mathis, Quel avenir pour les biocarburants ?, Le Pommier, 2007.

(2) Fabrice Nicolino, La Faim, la bagnole, le blé et nous. Une dénonciation des biocarburants, Fayard, 2007.


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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 18:21
Comme d'habitude quelques remarques générales pour commencer:

      - Comme un sujet de composition il faut préparer un plan
      - Dans un sujet concernant la mondialisation, il ne faut pas oublier ce qui en est la cause c'est à dire les échanges
      - Soyez plus attentifs concernant le choix de vos couleurs (très souvent on ne distingue pas assez les différences entre vos flèches ou la délimitation Nord-Sud)

Le plan de la légende était assez évident:

1- Le contraste majeur de la mondialisation
    
      - Limite Nord-Sud

2- Les centres d'impulsion à l'origine de l'essentiel des échanges mondiaux
    
     - Pôle de la triade                                   
     - Pays industriels développés
     -  NPIA

     - Flux financiers, commerciaux et de services
     - Places financières majeures

3- Les périphéries de l'espace mondial: entre intégration et exclusion
    
     - Puissances émergentes intégrées à la mondialisation
     - Pays rentiers s'intégrant par le commerce d'hydrocarbures
     - Pays ateliers
     - PMA: états exclus de la globalisation

     - Flux de produits bruts
     - Flux de produits manufacturés


Pour avoir une idée des figurés vous pouvez consulter le manuel page 62-63

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 17:23
Mondialisation : regards de géographes
Laurent Testot


La mondialisation bouleverse tout: la notion de citoyenneté comme les rôles des États ou les échelles de l’espace…
La géographie se doit de repenser ces concepts. Éclairages.

Une jeune femme de l’ethnie Tamang, accrochée à une immense balançoire, s’envole vers le ciel himalayen… Cette image semble flotter hors du temps. Elle évoque les jeux traditionnels de l’Asie orientale, et plus largement les sociétés locales au cadre spatial limité à un fragment de la surface de notre planète. Et pourtant…, même les Tamang du Népal sont aujourd’hui mondialisés, comme le montre un court texte dont le titre – « Une mondialisation improbable : les Tamang du Népal » – constitue à lui seul un programme de recherche.
Le petit texte en question raconte l’ouverture au monde des Tamang, les transformations qui ont affecté cette société en quinze années… On y constate que les pratiques communautaires, liées aux activités agricoles, ont cédé la place aux initiatives individuelles, dont le succès se mesure désormais en termes d’accès à des biens de consommation modernes.
« L’espace tend à se privatiser. » Les migrants partent nombreux, jusque dans le golfe Persique, chercher du travail. Ils s’exposent ce faisant à « des économies, des cultures, des conceptions fort éloignées des leurs (…). On observe aussi l’arrivée à la majorité d’une première classe d’âge scolarisée parmi les jeunes Tamang, dont le passage à l’école a laïcisé leur rapport au monde, rationalisé leur savoir, népalisé leurs références culturelles. »

Mondialisation:
la relecture des géographes

Cette mondialisation tamang s’effectue dans le cadre plus large de la mondialisation du Népal. Celle-ci rime avec démocratisation progressive, politisation de masse, introduction de produits étrangers à bas coût (chinois notamment) sur les marchés locaux, aide internationale et présences d’ONG, irruption de cadres mentaux modernes, recompositions religieuses, naissance d’un tourisme de masse, diffusion de nouvelles pratiques agricoles…
« Une mondialisation improbable : les Tamang du Népal » est issu d’un récent ouvrage dirigé par Jacques Lévy (ci-dessous). Ce livre entend renouveler le regard porté par la géographie sur la mondialisation. Un phénomène qui semble aujourd’hui réduire le Monde (l’espace habité, l’écoumène des géographes) à une « petite planète », invente une échelle inédite qui oblige donc à examiner à nouveaux frais les concepts de base de la géographie, science de l’espace : des notions phares comme le lieu, le territoire, le réseau, l’humanité, etc., pour continuer à faire sens, doivent être repensées.
L’équipe assemblée autour de J. Lévy n’a donc pas produit un énième ouvrage sur la mondialisation. Comme le pose élégamment l’introduction, il s’agissait plutôt de « changer de lunettes pour voir le Monde ». Les nombreux articles, infographies et encadrés englobent large, analysant les langues utilisées sur Internet ou modélisant les anomalies de température selon leur origine, naturelle ou anthropique.
Ensuite, renouveler le regard, pour des géographes, implique de retravailler l’outil-clé qu’est la carte, recourant quasi systématiquement à une fabrique des cartogrammes « pour figurer à leur juste poids les phénomènes sociaux de la mondialisation ». Par exemple, faire figurer les différents pays au prorata des valeurs médianes de leur surface réelle et des populations qui s’y trouvent… L’Asie s’hypertrophie, et le poids démographique des géants chinois et indiens, mais aussi des colosses nigérian ou indonésien, saute aux yeux.

Nous sommes tous des Tamang

langtang tamang cultural treks

Cet ouvrage se situe dans la filiation d’un livre publié en 1992, Le Monde : espaces et systèmes, conçu par trois géographes, Marie-Françoise Durand, J. Lévy et Denis Retaillé, assistés d’une dizaine de contributeurs. Ce prédécesseur entendait alors incarner le retour d’une géographie en prise sur la recherche, auscultant le phénomène de mondialisation dont la prise de conscience venait de commencer, dans la perspective d’une géographie ouverte aux autres disciplines. Il s’agissait déjà d’ouvrir grand les hublots pour dépoussiérer le navire des géographes, et d’inviter les voisins (historiens, anthropologues, économistes…) à participer au voyage.
L’ouvrage est très riche, multiplie les questions. Nous avons choisi ici, en partenariat avec les Presses de Sciences Po, de présenter dans les pages qui suivent, sous forme d’articles – et donc d’abrégés –, trois des dix-sept chapitres qui le composent. Nous allons parler de l’émergence du monde sur la longue durée, de la globalisation du tourisme et d’une planète des échanges économiques… Nous aurions pu traiter de l’univers des mobilités, de l’urbanisation ou du développement… Tous phénomènes qui affectent aujourd’hui l’ensemble de l’humanité.
Car pour le pire et le meilleur, nous sommes désormais pris dans les remous des recompositions entre local et global ; nous sommes tous des Tamang.

 

L’invention du Monde
Une géographie de la mondialisation


Jacques Lévy (dir.), avec Patrick Poncet, Dominique Andrieu, Boris Beaude, René-Éric Dagorn, Marc Dumont, Karine Hurel, Alain Jarne, Blandine Ripert, Mathis Stock et
Olivier Vilaça, Presses de Sciences Po, 2008.



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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 16:57
Silicon Valley: les secrets d'une réussite
Anna Lee Saxenian


A la différence des sociétés d'informatique de la Route 128 près de Boston, celles de la Silicon Valley entretiennent des relations de coopération et de concurrence étroites entre elles et les institutions locales. Pour Anna Lee Saxenian, cette organisation en réseau, ouverte sur l'environnement extérieur, est la clé de la réussite de la mythique Silicon Valley.

Ceux qui étudient le développement régional considèrent en général la Silicon Valley et la Route 128 (dans le Massachusetts, près de Boston) comme des exemples classiques de dynamisme. Une dynamique qui s'est constituée grâce à l'accumulation de compétences technologiques, de capital-risques, de l'agglomération de fournisseurs et de services spécialisés, de la présence d'infrastructures et enfin de l'essaimage des savoirs, rendu possible par la présence d'universités et de flux d'informations informels.

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Cependant, cette approche ne peut rendre compte des performances divergentes que les deux économies régionales ont connues à partir des années 90. Toutes deux puisent leurs racines dans les dépenses militaires d'après-guerre et dans la recherche universitaire, mais au-delà de ces origines communes, la Silicon Valley et la Route 128 ont répondu différemment à l'intensification de la compétition internationale. Si les deux régions ont connu un déclin dans les années 80, la croissance rapide d'une nouvelle vague d'entreprises, ainsi que le dynamisme retrouvé d'entreprises établies de longue date, comme Intel et Hewlett-Packard, furent la preuve que Silicon Valley avait retrouvé sa vitalité passée. Le long de la Route 128, à l'inverse, les nouvelles entreprises ne sont pas parvenues à compenser les licenciements continus chez Digital Equipment Corporation et dans d'autres firmes de micro-ordinateurs. A la fin des années 80, les producteurs de la Route 128 cédaient leur dominance de longue date sur la production d'ordinateurs à la Silicon Valley.

Des données régionales illustrent les différences de leur sort. Ainsi, entre 1975 et 1990, les firmes de la Silicon Valley créaient environ 150 000 emplois dans les technologies nouvelles (soit le triple du nombre d'emplois créés le long de la Route 128), alors qu'en 1975 les deux régions offraient un nombre comparable d'emplois (voir le graphique «Evolution du nombre d'emplois » en p. 47).

En 1990, les producteurs implantés dans la Silicon Valley exportaient plus de onze milliards de dollars de produits électroniques, soit presque un tiers du total national, alors que la Route 128, elle, n'exportait l'équivalent que de 4,6 milliards de dollars (source : Electronic Business, 1992).
Enfin, la Silicon Valley rassemblait 39 des 100 compagnies nationales les plus performantes, au taux de croissance le plus rapide, alors que la Route 128 ne pouvait que se targuer d'en compter quatre. En 1990, la Californie du Sud et le Texas devançaient la Route 128, attirant davantage de firmes électroniques en pleine expansion.

Les classements que l'on observe sur le second schéma (voir «Evolution du nombre d'entreprises» en p. 47) reposent sur des taux de croissance de ventes sur cinq ans, mais la liste ne se limite pas aux petites entreprises. Elle comprend aussi des compagnies dont les profits atteignent les multimilliards de dollars, comme Sun Microsystems, Apple Computers, Intel Semiconductor, et Hewlett-Packard, toutes classées parmi les entreprises les plus performantes des années 90. (...)

La Silicon Valley repose sur un système industriel régional en réseau, qui valorise l'apprentissage et l'ajustement mutuel entre producteurs spécialisés dans un ensemble de technologies connexes. La densité des rapports sociaux et le caractère ouvert du marché du travail de la région encouragent l'esprit d'entreprise et d'expérimentation. Les firmes se font une concurrence intense tout en apprenant les unes des autres sur les technologies et les marchés changeants, grâce à des systèmes de communication informels et à des pratiques collaboratrices. La structure relativement libre des équipes encourage une communication horizontale entre les divisions à l'intérieur des firmes ainsi qu'avec les fournisseurs externes et les clients. Dans un système en réseaux, les fonctions intrafirmes apparaissent donc définies de manière vague, et les frontières entre firmes et institutions locales (comme les associations de commerce et les universités) sont poreuses.  (...)


                                                                       Anna Lee Saxenian - Spécialiste des nouvelles technologies et du développement régional, Anna Lee Saxenian enseigne à l'université de Californie (Berkeley). Elle est l'auteur de Regional Advantage : Culture and Competition in Silicon Valley and Route 128, Harvard University Press, 1994.
NOTES

1

M. Granovetter, « Economic action and social structure : the problem of embeddedness », American Journal of Sociology, n° 91, 1985.

 


2

 

A. Chandler, La Main visible des managers, Economica, 1988 (rééd.).

 


3

 

Lockeed Missile and Space et Raytheon Corporation étaient les employeurs privés les plus importants de la Silicon Valley et de la Route 128, respectivement. Mais toutes deux étaient des entreprises militaires avec une activité commerciale limitée.

 

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9 décembre 2009 3 09 /12 /décembre /2009 16:54
 

Sujet:

« Emancipation et affirmation du tiers monde des années 50 aux années 7O »


Analyse du sujet

« émancipation » = processus par lequel un peuple se libère d'une tutelle. Le sujet commence au moment où les revendications indépendantistes se font plus pressantes. Le sujet invite à réflechir sur les formes et les divers rythmes de décolonisations ainsi que sur les problèmes des états nouvellement indépendants.(notamment pour s'affirmer sur la scène internationale et résoudre leurs problèmes internes) 


Problématiques possibles:

Quelles ont été les voies d'accès à l'indépendance ?

Comment les états ayant recouvré leur liberté s'organisent-ils ?

Comment les peuples colonisés se libèrent-ils et essayent de trouver leur place sur la scène internationale ?


Introduction

C'est à la fin de la seconde guerre mondiale que les revendications indépendantistes explosent dans de nombreuses colonies. Les peuples se libèrent progressivement de la tutelle coloniale. EN 1975 la décolonisation est achevée. Dans le même temps les peuples nouvellement indépendants cherchent à changer les règles du commerce mondial et de l'organisation bipolaire du monde.

Comment, de 1945 à 1975, les peuples colonisés se libèrent-ils et essayent de trouver leur place sur la scène internationale ?

Le contexte farobale à la décolonisation sera etudié dans une première partie, les grandes étapes de l'émancipation des peuples d'Asie et d'Afrique dans la seconde. Enfin nous verrons en dernière partie de quelles manières les états décolonisés se sont organisés pour s'affirmer sur la scène internationale.


Plans possibles:

  • plan thématique en deux parties (vers la liberté et l'organisation une fois cette liberté conquise)

  • plan « mixte »: chronologique pour les deux premières parties et thématique pour la troisième.


1- Un contexte favorable en 1945


1-1 développement des mouvementd nationalistes

1-2 Le rôle de la seconde guerre mondiale

1-3 Un courant en faveur des peuples dominés


2- L'émancipation des peuples d'Asie et d'Afrique


2-1L'Asie montre la voie entre 45 et 55

2-2 L'essentiel de l'Afrique de 55 à 65

2-3 Les dernières émancipations


3- L'organisation pour s'affirmer sur la scène internationale


3-1 Le non alignement

3-2 L'aspiration au développement

3-3 Un tiers monde divisé

 

Conclusion

On constate que même les décolonisations pacifiques n'ont pas empêché des problèmes postérieurs chez les peuples nouvellement indépendants: guerres civiles ou problèmes de développement sont généralement le prix à payer. D'une façon générale et malgré la volonté de se libérer de la tutelle des pays du Nord, le Tiers-monde ne parvient pas à appliquer totalement son principe de neutralité dans un contexte de guerre froide et il peine à parler d'une seule voix.

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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 11:09

Pour la rédaction d'un commentaire, d'une composition, d'une réponse rédigée argumentée etc...


"Toujours partir du général pour aller vers le particulier"


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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 17:30
 

NOUVELOBS.COM | 12.11.2009 | 13:22

 

Face aux rumeurs selon lesquelles le calendrier Maya annoncerait la fin du monde pour le 21 décembre 2012, relayées par le film catastrophe "2012", la Nasa a mis en ligne un "questions-réponses" démontant point par point cette "théorie".

Face à la crainte d’une fin du monde au 21 décembre 2012, annoncée par le calendrier Maya et récemment relayée par un film à gros budget, la Nasa a mis en ligne le mercredi 11 novembre, un argumentaire destiné à combattre ces rumeurs.
Cette page "2012" consiste en un simple "Questions-Réponses" démentant les principaux fantasmes circulant, notamment, sur internet et médiatisés par le film catastrophe du réalisateur Roland Emmerich "2012".
"Mise à part dans un film aux impressionnants effets spéciaux, le 21 décembre 2012, ne sera pas la fin du monde tel que nous le connaissons", écrit en introduction l’agence spatiale américaine.
A la première question, "y-a-t-il des menaces pour la Terre en 2012 ?", la Nasa est catégorique : "Rien de mauvais n’arrivera à la Terre en 2012. Notre planète s’en est bien sortie pendant plus de 4 milliards d’années, et des scientifiques crédibles du monde entier ne voient aucune menace liée à 2012".


  La Terre


"Deux fables"


L’agence s’attaque également à l’origine même de la rumeur, qui viendrait d'une prédiction du calendrier Maya. "L’histoire a commencé avec l’affirmation que Nibiru, une supposée planète découverte par les Sumériens, se dirigeait vers la Terre. Cette catastrophe a été initialement prédite pour mai 2003, mais rien comme rien n’est arrivé le jour du jugement dernier, la date a été repoussée à décembre 2012. Puis, ces deux fables ont été reliées à la fin d’un des cycles de l’ancien calendrier Maya, au solstice d’hiver 2012. "
La Nasa bat en brèche d’autres "informations", notamment celle selon laquelle le calendrier Maya s’arrêterait à décembre 2012. "Tout comme le calendrier que vous avez sur le mur de votre cuisine ne cesse pas d’exister après le 31 décembre, le calendrier maya ne cesse pas d’exister au 21 décembre 2012. Cette date est la fin de la longue période Maya mais alors –tout comme votre calendrier redémarre au 1er janvier, une autre longue période démarre pour le calendrier Maya".

L’agence spatiale répond ainsi aux principales craintes et propose d’autres pages plus spécifiques sur la fameuse planète "Niribu" ou encore sur la question de l’alignement des planètes.

(Jérôme Hourdeaux - Nouvelobs.com)

 

La Terre

(AFP)

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27 novembre 2009 5 27 /11 /novembre /2009 16:41


"La guerre du golf" (3 élèves lors du même devoir !)

"L'opération tempête du dessert "

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